Nom : ROFFINO Prénom :Léon né le 29 mai 1920 à Faverges RELIGION : Catholique
ETAT CIVIL : Célibataire lors de son arrestation Marié le 10 octobre 1946, Thônes, 74230, avec Suzanne Rose DADIER
PARENTS : Jacques Né en 1882 - Donato (Italie), Décédé le 12 avril 1948 -à Faverges Maçon, platrier peintre Marié le 20 octobre 1909, Faverges, avec Marie Alice SPADA 1891-1957 FRATRIE : Gerlaine Marie 1911 Jean Séraphin ROFFINO 1910-1975, Suzanne Marie ROFFINO 1914 , Aline Josephine ROFFINO 1917, Marcelle ROFFINO 1918-1972
ARRETE : 06/08/1944 à St Jean de Sixt
Rôle : Agent de liaison
ACTION CONNUE : « Maquisard de Glières, section Lyautey puis P.C. central. Avec Jean CARRAZ il va récupérer Antoni WOLCZYK dit Tony et Joseph BRYCHY, deux Polonais de l'armée allemande réfugiés à Mont-Piton à Petit-Bornand. Parvenus sur le Plateau, chargés de leur barda avec armes et munitions, ils seront affectés au P.C. comme cuisiniers ».
Circonstance de l’arrestation : les GMR de Saint-Jean-de-Sixt arrêtent l’agent de liaison Léon Roffino qui remonte au plateau des Glière par le car venant de Thônes. L’employé de la gare routière lui avait remis du courrier, des médicaments et la vareuse d’officier de Tom Morel.
Il est détenu à Annecy, puis dirigé à Chambéry, transféré à Saint-Sulpice-la-Pointe, il participe à une tentative d'évasion par le fleuve (cf dossier, récits de monsieur Golliet).
Il est dans le convoi parti de Toulouse le 31 juillet 1944 (I252 ).et arrive au KL Buchenwald le 06 août 1944, ou il a le matricule 69384,
Le train (numéro 1681.01) qui quitte la gare Raynald de Toulouse le dimanche 30 juillet 1944 emmène, dans des wagons a` bestiaux, des hommes, des femmes et des enfants, arrêtés par mesures de persécution et de répression. Ils entament alors un voyage d’une semaine jusqu’a` Weimar. le train () parcourt l’itinéraire suivant : Toulouse, Se` te, Montpellier, Nîmes, Avignon, Orange, Valence, Chalon-sur-Saône et Dijon, ou` la population civile ravitaille en cachette les wagons qui sont à sa portée. Le train quitte le département de la Côte-d’Or le 3 août pour celui de la Haute-Marne. Des évasions ont lieu avant la gare de Chaumont, ou` le train s’arrête a` nouveau. Il repart ensuite vers Lunéville (Meurthe-et-Moselle). Il arrive a` la frontière du IIIe Reich le 4 aout 1944 a `midi. A partir de là, aucun arrêt significatif n’est signalé´ avant la gare de Weimar, le dimanche 6 aout, ou` les hommes adultes descendent et sont transportés jusqu’au KL Buchenwald.
Extrait témoignage :
" Le train s'arrête. Ce n'est plus un wagon mais une porcherie des plus écoeurante. Les portes s'ouvrent. Çà gueule de tous les côtés. Des chiens aboient. Nous sautons du wagon et tombons sous les coups de pied, les coups de crosse, les coups de schlague. Çà dure assez longtemps. On nous aligne quatre par quatre, au bout des voies. Au loin, une grande porte d'entrée. Nous sommes à moitié abrutis."
« Un secrétaire prit notre identité. Puis, il fallut abandonner nos vêtements à des employés qui les placèrent dans des sacs.
Nous sommes obligés de partir en courant en file indienne, le long d’un très couloir qui monte. On nous pousse à grands coups de pieds dans le derrière pour arriver à la salle des tondeurs ou « ramasseurs de poils ». Les coiffeurs s'occupèrent de notre système pileux. En cinq minutes, le crâne, le pubis et les aisselles étaient complétement rasés. Toujours en courant, il faut suivre de nouveau le grand vouloir qui monte à la douche. C’est une vaste pièce carrée, avec des grandes pommes d’arrosoir au plafond. Nous sommes par groupe de cinquante. Dans un angle face à la porte d’entrée, la célèbre baignoire remplie de désinfectant très acide. Il faut courir à cette baignoire, sauter dedans, tête comprise, y rester quelques secondes, sinon de chaque côté se trouve des KZ, de vraies brutes qui tiennent le gars plongé sous l’eau souvent jusqu’à suffocation. Ensuite, ils le balancent sur le carrelage. S’il se relève c’est la douche comme tout le monde. Douche collective avec de l’eau bouillante, puis froide.
Avant de quitter les lieux, et toujours pour des raisons d'hygiène on nous passa un coup de pinceau entre les cuisses. Comme le pinceau était trempé dans du formol ou du « grésil », la réaction, sur la peau fraîchement rasée, était cuisante..... »
Le 22 aout, Léon Roffino est transféré vers le village de Walbeck, au Kommando WEFERLINGEN -- Autres appellations : GAZELLE ou GERHARD- pour la firme Dallmann aus Wesfallen, construction d’une usine souterraine
C’est à 10 km au nord de la ville de HELMSTEDT, sur le site du village de WALBECK, et à 50 km au nord-ouest de MAGDEBUR. Il a été ouvert le 22/08/1944 dans le cadre d’enfouissement des sites stratégique de fabrication militaire Dans ces galeries de potasse , les nazis ont prévu la production de moteurs pour avion et bateaux rapides. L’effectifs au 31/01/1945 est de 450 hommes.
Les détenus étaient regroupés par équipe et travaillaient au creusement des galeries et déblaiement du sel extrait.
Les conditions de travail étaient extrêmement pénibles. En effet, il n’y avait aucun système d’aération et l’air respiré par les détenus était saturé de sel. Dans la mine, les détenus travaillaient en deux équipes de 12 heures, une semaine de jour et une semaine de nuit, sans aucun jour de repos.
A ces conditions de travail inhumaines, s’ajoutait un manque cruel de nourriture, les détenus n’ayant droit qu’à un seul repas par jour, distribué le soir après l’appel qui durait en moyenne deux heures.
Le Kommando de WEFERLINGEN fut libéré le 12 avril 1945 par les américains.
Témoignage de Léon Roffino.
« Chaque jour, c’est l’appel, l’embarquement dans les bennes, regroupement, appel, répartition des équipes. Il y a 35 kilomètres de galeries. Les prisonniers français de 14-18 ont extrait la potasse, qui servait à fabriquer des explosifs. Il faut percer les galeries avec des mèches de quatre mètres de long. Les porions chargent les explosifs. Immédiatement après le tir (il y en a quatre à six par jour), nous dégageons le sel à la pelle et à la main puis, par wagonnet de quatre, nous allons boucher les anciens boyaux qui font environ un mètre de diamètre. Le gaz des explosifs nous aveugle et nous fait vomir. […] Nous travaillons douze heures par jour ou par nuit. Nous sommes des groupes de 250 qui vont et viennent. Chaque semaine nous changeons de poste. Les coups sont incessants. Comme nos gardiens ne travaillent que quatre heures par jour, nous en avons trois différents dans la journée et ils sont toujours en pleine forme pour s’occuper de nous. […] Dans les galeries principales sont installées de grosses portes étanches pour limiter l’inondation au cas où nous crèverions une poche d’eau. » ….
« En contre-bas du camp se trouve la route de Walbeck, le village voisin. Depuis quelques jours, cette route a un trafic important de jour comme de nuit. Les SS creusent des trous d’hommes autour du camp. Ils postent des soldats avec FM. Cette tension dure plusieurs jours. Un matin un commandant de la Wehrmacht est à l’appel il se présente comme le nouveau commandant du camp il s’appelle Otto MULHER les S.S. sont partis défendre Berlin. L’eau nous est distribuée maintenant deux ou trois fois par semaine.
La soupe est meilleure ; la ration de pain normale. Le travail est toujours le même, mais nous ne sommes plus soumis aux brutalités habituelles. Les appels sont moins longs. Pour nous çà sent bon…. ! »
Le camp est déserté par les gardiens dans la nuit du 10 au 11 avril 1945
« Nous commençons à entendre des canonnades dans le lointain. Un matin pas de réveil. Nous sommes le 10 ou le 11 avril 1945. Des camarades s’aventurent dehors. Il n’y a plus de gardiens aux miradors, ni autour du camp. Personne ne peut y croire. Nous ne savons pas ce qui se passe car depuis notre transfert nous n’avons eu absolument aucune nouvelle des événements qui se déroulaient à l’extérieur.
Nous récupérons les armes laissées à l’entrée du camp, sous le mirador, et aussitôt les plus valides, nous nous organisons sous les ordres de Jean, un capitaine belge. Nous sommes une quarantaine de Français, des Belges et quelques autres. Nous décidons de nous installer dans les baraquements qu’occupaient les S.S et où se trouvent encore pas mal de nourriture et de matériel (en particulier des couvertures et du linge). Nous organisons notre défense. Nous accrochons un drapeau français au mirador. »
Et puis les Américains arrivent.
Vue d'un tunnel de couchage du commandement souterrain "Gazelle", dans lequel devaient travailler les prisonniers du sous-camp de Buchenwald Weferlingen PHOTO VERS 11/4/45 de Gérard Raphaël Algoet
Quelques jours après la libération, le photographe belge Gérard Raphaël Algoet, qui accompagnait l'avancée des troupes américaines pour le compte de son gouvernement, arrive au camp de concentration de Buchenwald. Il a principalement photographié les prisonniers belges survivants, dont de nombreux portraits individuels et de groupe
Léon Roffino est décédé à Annecy le 11 avril 2007.
Décret du 24 mai 1994 portant promotion et nomination
JORF n°119 du 25 mai 1994 ..
Ministère des anciens combattants et victimes de guerre
Par décret du Président de la République en date du 24 mai 1994, pris sur le rapport du Premier ministre et du ministre des anciens combattants et victimes de guerre et visé pour son exécution par le grand chancelier de la Légion d'honneur, vu les déclarations du conseil de l'ordre portant que les présentes promotions et nominations sont faites en conformité des lois, décrets et règlements en vigueur,
sont promus ou nommés, pour prendre rang à compter de la date de leur réception dans leur grade:
Au grade d'officier
- Roffino (Léon, Auguste), déporté résistant, porte-fanion de l'Association des rescapés du plateau des Glières. Chevalier du 25 mars 1973.