Le KL Ravensbrück est situé près de la ville de Fürstenberg, à environ 80 kilomètres au Nord de Berlin. A l'automne de 1938, environ 500 déportés hommes du KL Sachsenhausen viennent construire les premiers bâtiments de ce camp destiné aux femmes.
Les premiers transports importants arrivent au KL Ravensbrück à la mi-mai 1939, depuis la forteresse de Lichtenburg, située près de Prettin-sur-Elbe, transformée en décembre 1937 en camp de concentration pour femmes. Les effectifs atteignent alors 974 détenues. Le nombre des prisonnières s'accroît constamment ensuite, et, avec le début de la guerre, la composition du camp devient de plus en plus internationale. Le rythme des entrées s'accélère plus encore avec, à partir de l'été et de l'automne 1944, le début des évacuations des camps de l'Est, la déportation de la population civile de Varsovie après l'écrasement de l'insurrection, et l'arrivée en masse de juives hongroises. Plus de 70 000 matricules ont ainsi été attribués au cours de l'année 1944.
Au total, plus de 120 000 déportées d'une vingtaine de nationalités différentes sont passées par le KL Ravensbrück, le grand camp de concentration pour femmes du Reich. De là, beaucoup d'entre elles sont transférées vers des camps et des centaines de Kommandos extérieurs disséminés dans toute l'Allemagne.
Il faut signaler, cependant, que des hommes sont aussi envoyés à Ravensbrück, depuis avril 1941. Au nombre de 20 000 environ, ils viennent de Buchenwald, de Dachau, de Flossenbürg ou de Sachsenhausen, et ils sont détenus au Kleines Männerlager (« Petit camp des hommes »), situé près du camp des femmes.
On estime qu'environ 8000 déportées françaises sont passées par le KL Ravensbrück. La majorité part dans des transports directs depuis Compiègne-Royallieu ou le Fort de Romainville, avec pour certaines un passage par le camp de Sarrebruck Neue Bremm. D'autres sont d'abord enfermées dans plusieurs prisons allemandes, avant d'être transférées vers le KL. Enfin, 200, au moins, y sont internées après une arrestation sur le territoire du IIIème Reich.
Les conditions d'existence à Ravensbrück sont tout aussi effroyables que dans les autres KL. De 1939 à 1945, on estime qu'environ 40 000 déportées ont trouvé la mort dans ce camp. Il semble que la mortalité y soit restée relativement faible jusqu'en 1943, avant de s'amplifier notamment du fait des arrivées massives de détenues. En avril 1943, le camp est équipé d'un crématoire à deux fours, augmenté d'un troisième à la fin de 1944. Au début de l'année 1945, la surpopulation des Blocks et des conditions catastrophiques d'hygiène sont à l'origine d'une épidémie de typhus. Près de 600 enfants sont nés à Ravensbrück et la plupart y sont morts. Les bébés non allemands étaient tués à la naissance ou les futures mères étaient contraintes d'avorter. A partir de septembre 1944, une petite pièce leur est destinée, la Kinderzimmer, où des détenues s'efforcent de les maintenir en vie malgré des moyens dérisoires. A partir de février 1945, des convois de femmes enceintes et de mères avec enfants sont dirigés vers Bergen-Belsen, où très peu survivent.
Une chambre à gaz est installée et fonctionne de janvier à avril 1945. De 5 à 6 000 personnes y sont éliminées en application du programme d'euthanasie T4.
Enfin, de nombreuses expériences médicales sont pratiquées sur les détenus (prélèvements d'os, de muscles, de nerfs, inoculation de bacilles virulents, stérilisations féminines et masculines, etc.).
En 1945, des négociations sont engagées entre le représentant de la Croix Rouge suédoise, le comte Bernadotte, et Himmler pour la libération des camps de concentration. Des accords d'échange de prisonniers permettent finalement à 7 500 femmes environ, d'abord des Scandinaves, puis des Françaises, des femmes du Bénélux, et enfin des Polonaises, d'être évacuées vers la Suède par la Croix Rouge. Mais beaucoup sont transférées vers d'autres KL, à Bergen-Belsen notamment, et à Mauthausen, notamment pour les déportées « NN ». Enfin, celles qui ont été envoyées dans des Kommandos extérieurs sont souvent jetées sur les routes dans des marches de la mort, au moment des évacuations. Le 30 avril 1945, lorsque des éléments avancés de l'Armée rouge pénètrent dans le camp de Ravensbrück, seuls 2000 femmes, hommes et enfants sont encore sur place.'
Equipe du Livre-Mémorial
Pour plus d'informations
Les Françaises à Ravensbrück, Amicale de Ravensbrück et l'ADIR, Gallimard, 1965 ;
Germaine Tillion, Ravensbrück, Seuil, 1988.
Revue "Mémoire vivante " de la Fondation pour la mémoire de la Déportation n°39
Témoignage audio en ligne
- ROGER née ARRIGHI Odile née le 30/07/1923 à Dieppe (76), arrêtée le 16/11/1942 à Nancy (54) , internée successivement à Nancy, St-Quentin, Fort de Romainville aux Lilas, déportée le 29/08/1943 de Paris pour Ravensbrück, matricule 22335 transféré à Neubrandenburg ( Kommando, situé dans le Mecklembourg, travaille pour une usine d'aviation)
Elle est libérée le 01/05/1945 à Neubrandenburg
- HESLING née BOULANGER Monique née le 26/04/1925 à Baccarat (54) arrêtée 24/03/1943 à Baccarat, internée à Nancy (Charles III), Fort de Romainville aux Lilas, Compiègne, déportée le 23 avril 1945 de Compiègne à Ravensbrück matricule 19392 Elle est libérée par la Croix-Rouge le 23/04/1945 à Ravensbrück
Témoignage vidéo en ligne
- Jacqueline Fleury-Marié, née le 12 décembre 1923 à Wiesbaden, (Allemagne) arrêtée le 27 juillet 1944, internée à Fresnes, déportée le le 15 août 1944 à Ravensbrück matricule 57595, évadée d une colonne des marches de la mort le 29 avril 1945.
- Lucienne Rolland née le 17 décembre 1920 à Saint-Ouen (93) Arrêtée le 26 Août 1941 jugée par le Tribunal de cour spéciale, à Paris, condamnée à cinq ans de travaux forcés elle est déportée le 25 mai 1944,elle connaîtra les camps de Nen-Brem Sarrebrück, Ravensbrück, Leipzig
article connexe
Les françaises à Ravensbrück un article de Marie-Josèphe Bonnet, Historienne, Présidente de la Délégation de Paris de 2015 à 2017
La rose de Ravensbrück (Dossier ) : Pour le trentième anniversaire de la libération du camp de Ravensbrück à la demande de l’amicale Française du camp Michel KRILOFF créé un rosier ’’Résurrection’’’