Le parcours d’un déporté : Stéphane Hessel

"Le patriotisme à la sauce Pétain me paraissait totalement immangeable"

Le 8 août 1944 au départ de la gare de l’Est, un wagon de voyageurs ordinaire emmène vers l’horreur quarante résistants sortis des lieux de détention parisiens de la Gestapo. Ils sont menottés à leurs banquettes. Parmi eux Stéphane Hessel.

Les Allemands considèrent ces 37 hommes et ces 3 femmes comme de dangereux « terroristes ».

Leur déportation se déroule dans des conditions particulières de secret.

Ainsi Stéphane Hessel n’est pas déporté avec Jacques Brun et Jean-Pierre Couture membre de son réseau et arrêtés qui seront dans le transport du 15 août 1944 au départ de la gare de Pantin.

Ces quarante prisonniers ont été arrêtés pour une participation active à la Résistance, beaucoup ont des niveaux de responsabilité importants .

On retrouve des dirigeants de réseaux, dont :

- Jean Bouguennec pour Max Butler,
- Henri Frager pour Buckmaster,
- Stéphane Hessel pour Gréco.

Tous sont liés à des organisations de résistance.

Le train prend la direction de l’Allemagne, en faisant de fréquents arrêts du
fait des bombardements aériens.

Le soir, il fait une halte à Verdun, et les déportés sont sortis du train pour dormir dans une grange. Le lendemain, le transport repart et s’arrête définitivement à Sarrebruck où les déportés sont internés au camp de Neue Bremm. Les hommes quittent Sarrebruck pour le KL Buchenwald où ils arrivent le 17 août.

Ils sont affectés au Block 17, sans subir la quarantaine les matricules qu’ils reçoivent, sont très disparates entre 7436 et 15374, et avaient déjà été attribués à d’autres déportés disparus.

Par ailleurs, il est prévu de ne pas les affecter a` des Kommandos de travail. Les nazis ont prévu de les exécuter. Otto Storch, le chef du Block 17, reçoit le 9 septembre de la Politische Abteilung (la Gestapo), une liste des 37 déportés du transport, dont 16 noms sont rayés en rouge. Ces seize hommes sont appelés le jour même a` la porte du camp et pendus le lendemain.

Parmi eux, les déportés de nationalité anglaise, canadienne et belge sont visiblement choisis en priorité . Il est évident que les autres déportés sont en sursis, même s’ils sont affectés à des Kommandos intérieurs au camp.

Grâce à des interventions conjointes et exceptionnelles, notamment de la direction clandestine internationale, réalisées à l’intérieur même du camp, six d’entre eux sont mis à l’abri et sauvé.

 

Maurice Southgate, est envoyé au Revier, Il resté au camp jusqu’à sa libération, il rentre de déportation. Pierre Culioli est envoyé à Iéna, un kommando extérieur. Bernard Guillot est également envoyé en Kommando extérieur. Ils seront libérés en 1945.

Le 4 octobre, le reste du groupe est convoqué pour le lendemain matin. Après avoir été sortie du camp en camion, la majorité est fusillée dans l’après-midi du 5 octobre près de la carrière. Elisée Avallard et Jean Evesque, qui avaient pourtant été transférés à Iéna sont ramenés au camp central, et sont exécutés le 6 octobre. Christian Rambaud est semble-t-il fusillé le 9 octobre. Au total, ce sont 15 déportés qui trouvent ainsi la mort.

En effet, durant le même temps, les 3 dernières personnes du groupe,
Henry Peulevé, Yéo Thomas et Stéphane Hessel, réussissent à être sauvés
grâce a` un changement d’identité extrêmement risqué .

Admis au Block 46, on leur fait des piqûres sous-cutanées, de façon provoquer une fièvre artificielle et ainsi de rendre possible la substitution d’identité . On change leurs noms avec ceux de déportés décédés :

le premier devient Marcel Seigneur [1], le second Maurice Choquet [2] et le troisième Michel Boitel [3]

Il est également décidé , pour plus de sécurité , de les faire partir en Kommandos extérieurs : Henry Peulevé et Yéo Thomas vers Schönebeck apparemment et Stéphane Hessel vers Rottleberode et Dora. Ils rentrent en France en 1945.

Sans ces interventions exceptionnelles, qui n’ont pas eu lieu dans le cas
des 3 femmes de ce groupe, probablement aucun des déportés de ce transport
ne serait revenu.

[1] Marcel Seigneur est parti de Loos-lès-Lille dans le « Train de Loos » le 1er septembre 1944 ; et il fait partie du groupe transfèré de Cologne vers le KL Buchenwald où il arrive le 17 septembre et ou` il décède du typhus le 5 octobre au Block 46

[2] Marcel Choquet a quitté la France dès le 25 juin 1943 en direction de Buchenwald, d’où il est transféré vers l’île de Peenemünde puis vers le camp de Dora ou` il disparaît.

[3] Michel Boitel est un arrêté en Allemagne, à Cologne, arrivé au KL Buchenwald en même temps que Marcel Seigneur et qui décède en octobre 1944.

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