hommage Moalic

 

 

Jacques Moalic,est né le 3 mars 1923 à Saint-Pierre Quilbignon dans le Finistère.

Il est décédé le 25 avril 2025 à Paris dans sa 102ème année.

Il a été inhumé le lundi 5 mai 2025 au cimetière de Montceaux-l’Étoile en Saône et Loire.

 

Biographie

 

Jacques Moalic fait ses études au lycée de Brest d’où il est renvoyé en 1941 pour diffusion de tracts gaullistes. 

«Évacué de Brest à cause des bombardements continuels,je suis arrivé à Paris.Il n'était pas facile de trouver une filière de Résistance."

 

il entre comme pensionnaire au Lycée Janson de Sailly avec comme objectif de devenir officier.

 

"Pendant les vacances,j'allais dans ma famille à Nevers. Mon oncle avait, chose rarissime, un appareil à polycopier qu'il avait l'autorisation de posséder car il imprimait les formulaires de la Kommandantur.Le soir, on en profitait pour éditer des tracts. Notamment la lettre adressée par des Résistants aux étudiants de France contre le Service du Travail Obligatoire (STO) :"Lettre ouverte des étudiants des universités de Paris et des grandes écoles au chef de l'État" ..J'en ai mis dans ma valise un paquet,pour le diffuser à Paris. Ce qui était de la bêtise pure. Si on me faisait ouvrir ma valise pour chercher un jambon ou quelques œufs, je risquais de gros ennuis.»

 

Suite à l'occupation allemande de la zone sud, les classes préparatoires aux Écoles militaires sont supprimées.

Jacques Moalic, risquant d'être réquisitionné pour le STO, part en Savoie  qu’il quitte  pour Perpignan avec l’intention de rejoindre les Forces Françaises Libres en passant par l’Espagne.

«Pour moi, seul le passage aux Forces françaises combattantes m'intéressait.En juillet 43,j'ai trouvé une filière vers la Savoie.J'ai été très bien accueilli dans un petit village entre Moutiers et Albertville.Le climat était anti-Allemand et particulièrement anti-Italien, mais il n'y avait rien : aucun maquis, aucune organisation.J'ai décidé alors de passer les Pyrénées pour rejoindre l'Afrique du Nord."

 

Jacques Moalic est arrêté par une patrouille allemande de la Feldgendarmerie le 19 octobre 1943 après-midi, à proximité de la frontière franco-espagnole, près de la commune du Boulou, il est interné le 20 octobre 1943 à la Citadelle de Perpignan.

Jacques Moalic est transféré le 20 novembre 1943 au camp de transit de Compiègne-Royallieu.

Jacques Moalic est déporté par le transport parti de Compiègne le 14 décembre 1943

Le transport suit l’itinéraire le plus courant entre Compiègne et Weimar par Metz et Francfort. Onze évasions réussies ont lieu dans la traversée de la Marne.

Jacques Moalic échoue, lui, dans sa tentative de s’évader, en sautant du wagon il se blesse, il est repris par les SS, sauvagement torturé Il arrive au camp de Buchenwald le 16 décembre 1943 a 3 heures du matin.(1)

Jacques Moalic, devient le matricule 38348.

Jacques Moalic est transféré au Kommando d’Ohrdruf Kommando particulièrement meurtrier:

"On s'est retrouvés à Ohrdruf, une petite ville avec un camp militaire où s'entraînaient les blindés allemands.Les types travaillaient nuit et jour à creuser la montagne. Je me suis dit: 'Être réveillé à quatre-cinq heures du matin, rentrer à dix heures du soir, je vais tenir quinze jours... Pour la première fois, j'ai pensé que peut-être je ne reviendrais pas." "Mais j'ai été recruté pour installer l'électricité dans des écuries, et [cette mission] m'a sauvé la vie. Je dormais dans un ancien logement de la Wehrmacht, mais il y avait des types qui étaient sous des toiles de tente par -15°C. "

"On savait évidemment depuis pas mal de temps que les Russes et les Alliés avançaient. Mais entre 'ils avancent' et 'ils sont à nos portes', il y a une grande différence!" Le 2 avril 1945, le camp d'Ohrdruf est finalement évacué. Les déportés sont jetés sur les routes lors des marches de la mort."On est partis par groupes de mille, sans savoir la destination. On a marché. Il bruinait. On ne s'arrêtait jamais, dans une campagne très montagneuse. Et on a marché comme ça trois, quatre jours.Lorsqu'un type tombait, que personne ne le relevait, il était abattu d'une balle. Ils en ont tué pas mal, parce qu'il y avait des types qui, au départ, étaient déjà à moitié morts.On est arrivés devant la gare de Weimar, puis on a pris la montée vers Buchenwald. Elle faisait six à sept kilomètres, il y a eu 72 cadavres"

De retour à Buchenwald, Jacques Moalic retrouve certains de ses camarades :

"Un type debout à côté de moi m'a reconnu et m'a ramené au bloc 34 . J'étais couvert de poux.C'est sur la place d'appel de Buchenwald, que j'ai fait connaissance de Maurice Nègre (2)

.

«On avait eu cette joie formidable de la libération de Paris . Dans les camps, les gens avaient repris courage. Ils se sont dit, on sera libre à Noël. Je n'y croyais pas beaucoup. J'avais raison"

les déportés attendent leur libération sans pouvoir se départir de leur angoisse:

"Il y avait beaucoup de fébrilité dans le camp. On avait l'appréhension d'un massacre plus ou moins organisé des SS, et l'espoir de la libération. Les SS ont commencé à vider le camp, bloc par bloc, et chaque groupe était envoyé à la gare de Weimar, où attendaient des wagons dégueulasses."

Il parviendra à survivre jusqu’à la Libération du camp par l’Armée américaine le 11 avril 1945, l'heure de la libération a enfin sonné. Après de longs mois de souffrance, Jacques Moalic peut dire au revoir à cet enfer

"Depuis pas mal de temps, le camp de Buchenwald était survolé par des chasseurs américains. On a commencé à préparer des armes... et puis tout d'un coup, une unité américaine est arrivée. Les SS n'ont pas engagé le combat, ils ont préféré foutre le camp. Quelques minutes plus tard, on était dehors."

 

Les témoignages recueillis de ses camarades de déportation soulignent son comportement exemplaire au camp.

Après son retour de Buchenwald, il entreprend des études de droit et entre à l’AFP en 1950 (carte de presse 12.707).

Il mène une carrière de grand reporter, couvrant notamment les guerres d’Indochine et d’Algérie, avant d’être chargé du secteur de l’Élysée pendant plusieurs années comme chef du service des informations générales.Il côtoie lors de ces années Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing:

"Il m'emmenait partout avec lui : dans les prisons, dans un sous-marin nucléaire", explique-t-il. "Je n'avais pas de rapports particuliers avec lui, je me suis toujours efforcé de garder une distance. Quand je vois des journalistes qui appellent les ministres par leur prénom, cela me gêne. Quand on veut faire de l'information objective et rigoureuse, il y a un problème"

Intègre dans sa profession, il défendait également la langue française et combattait les anglicismes. 

"Si j'avais un conseil à donner à quelqu'un qui débute, ce serait d'être simple, de ne pas écrire avec prétention, de travailler, tout simplement."

 

il est élu au Conseil d’Administration de la Fondation le 30 septembre 2008 en remplacement de Monsieur Henri Lerognon ( matricule 52533- Buchenwald) le 2 juillet 2008, à 88 ans

Il a exercé ce mandat jusqu’au 9 mars 2020, où il décide de se retirer et de devenir administrateur honoraire

Administrateur chaleureux et généreux, au sein de la Fondation il accepta d’être également membre de droit de l'association des Amis de la Fondation pour la mémoire de la Fondation et participa à ses travaux.

Il fut également membre du jury du Concours de la meilleure photographie d’un lieu de Mémoire

Chevalier de la Légion d’honneur du 28 juin 1985, il sera nommé Officier le 31/12/2017.

Jacques Moalic avait reçu le 30 janvier 2023 des mains du maire de Weimar, Peter Kleine,  à l’Hôtel des Invalides à Paris, le diplôme de « Citoyen d’honneur» de la Ville de Weimar et  le 20 juin 2023 pour ses cent ans la médaille de la ville de Paris (échelon vermeil) remise par le maire du XVème arrondissement, Philippe Goujon.

 

 

 

(1) - Sur ce transport, deux livres : Celui du Saint-Cyrien Rene´ Haentjens, sous le titre "Au-dela` de l’imaginable, Un Saint-Cyrien dans la Resistance et la Déportation, Vanier (Ontario/Canada) et celui de l’enseignant de André Pontoizeau, sous le titre "Dora-la-mort, De la Résistance à la libération par Buchenwald et Dora, COSOR, Tours, 1947.

(2) -Maurice Négre :matricule 81505- Buchenwald- Après la Seconde Guerre mondiale  devient PDG de l'Agence France-Presse, de 1947 à 1954,

 

Sources:

"jusqu'au bout de la Résistance" - Résistants Et Patriotes Fédération Nationale Des Déportés Et Internés, Bernard Fillaire

Amicale des Anciens de l'AFP

dvd " Triangles rouges à Buchenwald" film d'Anice Clément

 

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