MICHEL André dit "Cacao"
André-Pierre Michel, plus connu sous le surnom de 'Cacao' est entré aux Salins d'Aigues Mortes à l'âge de 13 ans et demi,
En 1942, le maréchal Pétain instaure le service de travail obligatoire (STO). Comme d'autres jeunes, 'Cacao' ne veux pas aller travailler pour les nazis. Engagé au Front national pour la libération et l'indépendance de la France, il collait des papillons où était inscrit 'Résistez'.
Avec son ami Édouard Campos, il se font prendre par les gendarmes. Ils rejoignent alors les Chantiers de jeunesse, le service militaire d'alors. En mars 1942, ils désertent pour rejoindre la Résistance par l'Espagne pour aller en Angleterre rejoindre les Forces françaises libres.
À Perpignan, la directrice du cinéma les a cachent puis à quatre ils essayent de franchir la frontière. Arrêtés, ils sont transférés à la Citadelle, et torturés toute la nuit. Puis c’est Compiègne et le commencement de l'enfer.
MICHEL André est dans le transport parti de Compiègne le 25 juin 1943 et arrive au KL Buchenwald le 27 juin 1943 Ce convoi est composé de 999 hommes ( 860 Français et de 139 étrangers)
C’est le premier transport important parti de Compiègne qui soit parvenu à Buchenwald. Ce chiffre est attesté par un document original allemand établi au KL Buchenwald le 24 septembre 1943. Ce document précise que « de Compiègne, 999 détenus ont été mis en marche, il n’en est arrivé ici que 962. Il manque de ce fait 37 personnes ».
La liste des 37 personnes évadées du transport figure sur ce document. 34 évadés qui ont réussi leur tentative, se produisent avant Châlons-sur-Marne, ce qui provoque le transfert de certains prisonniers, déshabillé. 3 sont repris presque aussitôt et entrent au KL Buchenwald le 30 juillet 1943 et le 3 aout 1943 : il s’agit de 2 Polonais (Karl Gorny et Alphonse Sobecki) et d’1 Tchèque (Karl Ondryas),
Après la quarantaine, le 9 juillet, un transport de quelque 350 « 14000 » est organisé en direction de Karlshagen, dans l’île d’Usedom /Peenemünde, un Kommando dépendant du camp d’hommes de Ravensbrück. Ils sont enfermés au sein même de l’usine de production des V2 .
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La base de Peenemünde ayant été bombardée dans la nuit du 17 au
18 août 1943, Hitler décide immédiatement que l’usine sera transférée dans un site souterrain et que seule une main-d’œuvre concentrationnaire y travaillera en dehors du personnel allemand. Le site choisi est la colline du Kohnstein, au sud du Harz.
Les survivants de Karlshagen reviennent a` Buchenwald, y sont ré-immatriculés, puis transférés a` Dora en octobre 1943.
Le camp de Dora – un nom de code – « usine du Tunnel » sera un chantier très meurtrier.
Libéré le 21 mai 1945, Il lui faut apprendre à se réalimenter par « mini-doses d'oiseau ».
De retour aux Salins, il y crée, avec ses camarades Barnabé et More, le premier syndicat CGT et en sera le fer de lance tout au long de sa carrière. "Aux camps je me suis forgé à l'idée qu'il fallait se battre contre toute forme d'injustice. J'y ai appris à résister et à savoir ce que voulaient dire les mots combat et liberté. Plus rien ne pouvait me faire peur après ce que j'avais vécu, c'est pourquoi j'ai été souvent le porte-parole de mes camarades au risque de me faire mal voir par mes chefs Ne pas oublier et se battre pour que jamais plus cela ne recommence »disait-il
Plus tard, lorsque la Cie des Salins du Midi et des Salines de l'Est fut créé, la rencontre avec les élus de Varangéville et de Salin de Giraud permettra d’acquérir de nombreux avantages au niveau central, dont beaucoup aujourd'hui qui ne l'ont certes pas connu perçoivent, sur leur salaire, une partie des luttes qu’il a menée.
Il se met au service de la population comme élu (PCF) d’Aigues-Mortes d abord comme Maire-adjoint communiste sous Alexandre Molinier puis André Fabre. Pacifiste, il milite pour la paix en Algérie et pour la libération de Marc Sagnier( Le 4 mai 1958, un jeune ouvrier communiste d’Aigues-Mortes, Marc Sagnier, écrit au Président de la République son refus de combattre le peuple algérien « qui lutte pour son indépendance ». Il paiera son acte de 11 mois de bagne à Timfouchy).
André continuait inlassablement à témoigner dans les écoles de sa terrible expérience de déporté politique dans le camp nazi de Buchenwald.
A la question « Comment expliquez-vous avoir réussi à résister à l'horreur ? » il répondait :
« La souffrance morale est beaucoup plus difficile à supporter que la souffrance physique. On ne sait pas pourquoi et comment on résiste. Peut-être grâce à mon papa qui m'avait élevé à la dure, peut-être à cause de mon métier qui m'avait entraîné à avoir beaucoup de force. Ce que je sais c'est que cela m'a servi dans la vie quand je suis devenu militant syndical : je n'avais pas peur de défendre les injustices. Survivre pour vivre demain, cela a été peut-être le secret. »
SOURCES:
LA 21492, archives du monde combattant, Ministère de la Défense, Caen). 29/09/2014
livre « André Michel, dit Cacao, une vie de combattant », sorti tout juste des presses pour la journée des déportés, et consacré aux « souvenirs d’un résistant déporté aigues-mortais » recueillis par Janine Reynis-Jandot.éditions Grau-Mots, imprimerie du Ponant, Léopold Rosso
La municipalité d'Aigues Mortes a rendu hommage à Michel André en apposant une plaque.