Le fort de Romainville,

Aux portes de Paris, C' est un des grands lieux encore très méconnus de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.

Il fut le premier camp d’internement créé par l’administration allemande en France occupée.

Situé dans la commune des Lilas, en Seine-Saint-Denis, il est fermé au public.

Cette enceinte a joué un rôle, parfois singulier mais le plus souvent national. Au total, près de 7000 personnes sont détenues au fort de Romainville durant l’Occupation, dont 3800
femmes.

Plus des trois-quarts de ces prisonniers sont ensuite déportés, directement de Romainville ou après un transfert à Compiègne, représentant 8 % des déportés depuis les
zones occupées (exceptés les départements annexés d’Alsace-Moselle) ; 3 % sont fusillés au mont Valérien ; 12 % au moins restent internés en France jusqu’à la fin de l’Occupation, sont
libérés antérieurement ou s’évadent (7 % des parcours sont demeurés inconnus).

En juin 1940, l’armée allemande  prend  possession des enceintes militaires de la capitale.

En octobre 1940, l’administration du Militärbefehlshaber in Frankreich (MBF, Commandement militaire allemand installé à Paris), en charge de la zone occupée dite « zone Nord », décide de faire du fort de Romainville un camp d’internement.

Le commandant Bickenbach, un militaire, est nommé à la tête du camp et reste en place durant toute la guerre. . Les premiers détenus sont officiellement enregistrés à partir du 1er novembre 1940.

Au moins 11 détenus réussissent à s’échapper du fort durant l’Occupation. L’évasion de Pierre Georges – le colonel Fabien – accompagné d’Albert Poirier est la plus célèbre.

Les quinze premiers internés "administratifs" sont des antifascistes allemands et autrichiens.Ces détentions administratives, sont prononcées dans un but préventif, sans jugement préalable et sans limite de temps,des opposants au nazisme réfugiés en France ou des ressortissants britanniques. sur les six premiers mois de fonctionnement du fort, de novembre 1940 à avril 1941, plus de septdétenus sur dix sont des ressortissants de puissances ennemies du Reich et des étrangers : des Britanniques, des Espagnols engagés dans l’armée française en 1939, des Norvégiens, des Yougoslaves, etc. Des prisonniers de guerre, enregistrés comme tels, y arrivent aussi, en transit vers d’autres Fronstalags.

Le camp des otages, août 1942-octobre 1943

Par souci d’efficacité,les SS décident de rassembler préalablement  88 otages au fort de Romainville avant de les fusiller au mont Valérien le du 11 août 1942.

 Le 30 août, une mesure officialise cette nouvelle fonction du fort  sans perdre son statut de camp d’internement.

1943-1944 :  antichambre des camps nazis.

Suite à l’abandon de la « politique des otages », et devant le double constat d’une montée des forces de la Résistance et du besoin grandissant de fournir de la main-d’oeuvre
 à l’économie de guerre du Reich, la déportation par grands convois massifs vers les camps de concentration devient, du printemps 1943 jusqu’à la Libération, l’élément central de
la politique répressive allemande en France occupée.

Dans ce dispositif, Compiègne et Romainville sont les principaux « lieux de transit » vers les camps nazis et des détenus originaires de toute la France sont rassemblés dans ces deux camps en vue de leur départ en déportation. La proximité des gares du Nord et de l’Est, de celles de Pantin et de Bercy, a joué pour beaucoup dans le choix du fort qui fonctionne dès lors en liaison avec le camp de Compiègne.

Le bilan est impressionnant : 5300 hommes et femmes, soit trois quarts des détenus passés à Romainville, sont ensuite déportés par mesure de répression, directement ou via Compiègne.

Environ 30 % des déportés passés par le fort de Romainville ne reviennent pas de déportation.

Le camp des femmes.

A partir de février 1944, ce sont presque exclusivement des femmes qui arrivent à Romainville, les autorités allemandes transformant du même coup Compiègne en un camp d’hommes. Une fois leur déportation décidée, des internées de toute la France sont transférées au fort, où elles attendent leur déportation généralement une quinzaine de jours.

Août 1944 : une libération tragique.

En août 1944, près de 500 femmes se trouvent encore emprisonnées au fort de Romainville Jusqu’au 15 août, date de la formation d’un dernier important convoi de déportation en gare de Pantin, plusieurs départs sont organisés vers le camp de concentration pour femmes de Ravensbrück, via Sarrebruck.

Le 19 août,  la garnison allemande remet à la Croix-Rouge la cinquantaine de derniers détenus. Elle ne quitte définitivement les lieux le 20 août.

Or, entre-temps, onze FFI de la région parisienne sont  faits prisonniers et amenés à Romainville. Ils y passent la nuit. Le matin du 20 août, les onze résistants sont massacrés et brûlés.

Le 21 août, les habitants des Lilas et de Romainville découvrent les cadavres.

 

trois plaques rappellent au passant que l’histoire du fort de Romainville a surtout été marquée par la seconde guerre mondiale.

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE :

Les oubliés de Romainville,  mai 2005  Editions Tallandier

Graffiti de résistants - sur les murs du fort de Romainville, 1940-1944 De Thomas Fontaine, Sylvie Zaidman, Joël Clesse /Illustrations de Emmanuelle Jacquot/Edition : Libel

Le fort de Romainville, un camp allemand en France (1940-1944) Par Thomas Fontaine,

Le fort de Romainville, un camp allemand en France (1940-1944).pdf (46.4 Ko)
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