Léon Zyguel
« Survivre dans un camp nazi était un acte de résistance incroyable »
Léon ZYGUEL est né en 1927, à Paris, dans une famille ouvrière de six enfants. C’est une famille d’origine polonaise, juive non pratiquante. Léon a 15 ans lorsque sa vie, jusque-là heureuse, au sein d’une famille aimante, bascula à jamais.
Son père est arrêté à Paris, lors d’une rafle, le 20 août 1941. Il est conduit au Camp de Drancy.
Après l’arrestation du père et la Rafle du Vel’d’Hiv du 16 juillet 1942, la famille tente de se réfugier en zone non occupée. Hélène, Marcel, Maurice et Léon, les quatre plus grands, partent les premiers.
Leur mère doit les rejoindre, avec les deux plus petits.
Fin juillet, Léon, sa sœur et deux de ses frères sont arrêtés par la Feldgendarmerie. Ils sont enfermés au Camp de Mérignac. Marcel réussit à s’évader.
Au mois d’Août 1942, Hélène, Maurice et Léon sont transférés au Camp de Drancy.Léon y retrouve son père. Ils sont tous déportés au Camp d’Auschwitz, par le convoi n°35, le 21 septembre 1942.
Trois jours de « voyage », sans eau, sans nourriture, un seau hygiénique trop vite plein, pour quatre-vingts à cent personnes, par wagon. Trois jours, trois nuits de souffrance… pour découvrir « l’enfer » qu’ils n’imaginent pas encore.
A l’arrivée, Hélène, sa sœur, est envoyée à la chambre à gaz.
Léon est affecté dans divers kommandos.
« …. Le travail était essentiellement du terrassement – creuser des tranchées, décharger des wagons de marchandises, des rails de chemin de fer, les installer sur des voies – c’était absolument épouvantable. Le tout, toujours au pas de course, toujours sous les coups, toujours sous les injures, avec à peine de quoi se nourrir. Survivre dans un camp de concentration, dans un camp de travaux forcés, c’est un acte de résistance incroyable. On ne peut pas survivre dans ces camps sans conserver sa dignité. Sans l’Amitié, sans la Solidarité, c’était impossible… »
La santé de son père décline ; il est envoyé dans un « camp sanitaire ». Léon ne le reverra plus.
Évacué d’Auschwitz, en janvier 1945, il participe, pendant une douzaine de jours, aux marches de la Mort. Il arrive au Camp de Gross Rosen puis est transféré au Camp de Buchenwald, en train, par wagon découvert, alors que la température extérieure est de
- 15°.
Il entre au Camp de Buchenwald où la Résistance intérieure, avec Guy Ducolonné, se charge de sauver Léon et son frère.
« … Moi, qui étais le numéro 179084, que j’ai, tatoué, sur le bras, d’un seul coup, je suis devenu « un Homme » et un combattant. Du bloc où nous étions, le bloc 49, nous sommes passés au bloc 45 et on a été pris en charge par Guy Ducolonné. Et, moi, je partageais sa paillasse. Le groupe de Français, qui étaient là, nous ont soutenus, aidés, et nous sommes rentrés dans la bataille… ».
Le 11 Avril 1945, Léon Zyguel participe à l’insurrection armée et à la Libération du Camp de Buchenwald.
Le 19 Avril 1945, sur la place d’appel, une cérémonie de commémoration, initiée par le Comité International de Résistance du Camp, se déroule devant un obélisque en bois, réalisé à cet effet par les déportés, pour leurs compagnons de détention décédés. Les prisonniers jurent de continuer le combat jusqu’à l’éradication définitive du nazisme, et de s’engager à reconstruire un monde de Paix et de Liberté. Cette déclaration est entrée dans la Mémoire, en tant que « Le Serment de Buchenwald ».
Léon y participe.
Léon est rapatrié le 1er Mai 1945, jour de son anniversaire. Sur les 1028 déportés du convoi n°35, il y eut seulement 23 survivants, dont Léon et son frère, Maurice.
Léon s’engage. Et, toute sa vie, il sera un militant communiste, un militant anticolonialiste, un militant pacifiste.
En Août 1942, une signature de Maurice Papon aurait suffi pour lui éviter Mérignac, Drancy, Pithiviers, Auschwitz et Buchenwald. Pour ne pas « voir la Mort de tellement près qu’on pouvait la toucher. » Pour rester, à 15 ans, un « vivant ». Il témoignera, au Procès Papon, le 6 Janvier 1998, où il déclara :
« Je suis resté fidèle au Serment de Buchenwald. Je crois que Maurice Papon, lui, est resté toute sa vie du côté des oppresseurs. »
Léon Zyguel a été : Président de l’Association départementale FNDIRP, Président de la section de Montreuil de la FNDIRP. Il a aussi été l’initiateur, l’organisateur de la réunion fondatrice de la Délégation de Seine-Saint-Denis de l’AFMD.
Président du Foyer des Anciens Combattants de Montreuil, Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur, il a, au fil des années, marqué des générations d’hommes, de femmes et d’adolescents, par son humanité, sa personnalité généreuse, sincère et passionnée.
Léon Zyguel :
« Je suis, toute ma vie, resté fidèle au Serment prononcé, avec mes camarades, le 19 Avril 1945, sur la place d’appel de Buchenwald, où nous avons juré de nous battre jusqu’au bout pour la Paix, la Liberté, la Dignité et le Bonheur des Hommes. A ce jour, je crois avoir eu une vie pleine et entière, conforme à mon engagement. Mais, comme mes camarades survivants, j’ai le souci du passage de relais auprès des jeunes. Nous ne voulons pas être entendus simplement, comme témoins du passé, mais aussi, comme militants de l’avenir, militants de la Vie. »