Drancy ville de la banlieue parisienne, fut frappé de plein fouet par l’occupation allemande et la collaboration avec les nazis.
Le 14 juin 1940, La Cité de la Muette - le bâtiment en U et les tours - ainsi que certains terrains attenants sont réquisitionnés par l’armée allemande . de juillet 1940 à août 1941 la cité de la Muette sera le Frontstalag 111. internés civil britannique et canadien, puis prisonnier de guerre y sont enfermés.
En 1941, ce camp deviendra un des plus grand camp de transit juif français. Le camp fonctionna pendant 3 ans, du 20 août 1941 au 17 août 1944.
== L’origine du camp ==
La Cité de la Muette était, à l’origine, un ensemble de bâtiments comportant 1 200 logements. Ils furent construits entre 1931 et 1934 par la maison Ferrus & Elambert, pour le compte de l’Office Public d’Habitation à bon Marché du Département de la Seine.
Il s’agissait d’un ensemble composé de cinq tours de quinze étages chacune, de plusieurs bâtiments sous forme de barres implantées en peigne, composées de trois et quatre étages et d’un bâtiment en forme de U. La Cité de la Muette se situait à la pointe de la modernité concernant l’image urbaine et architecturale qu’elle proposait. Les architectes Lods et Beaudouin avaient mis en œuvre des procédés de construction qui ont modernisé, rationalisé la technique du bâtiment, les méthodes de construction.
En 1935 les cinq tours et les petits bâtiments implantés en peigne étaient achevés. Ils sont devenus résidence des officiers de la gendarmerie mobile. Le bâtiment en forme de U appelé " Fer à cheval " n’était pas tout à fait achevé et reste inoccupé.
Lieu de détention des communistes pendant la « drôle de guerre » de septembre 1939 à mai 1940, la cité de la Muette devient ensuite un « camp d’internés civils britanniques » ou Frontstalag 111, regroupant des civils britanniques et canadiens, ainsi qu’un millier de civils français rapatriés d’Allemagne.
A partir du 20 août 1941, la cité de la Muette accueille 4 232 Juifs raflés durant trois jours sur décision allemande et à l’instigation du Judenreferent SS Theodor Dannecker, dans les quartiers de l’Est parisien, notamment le XIe arrondissement. Il s’agit d’hommes âgés de 18 à 50 ans, Polonais, Roumains,
Italiens…, mais aussi de nombreux Français, parmi lesquels 40 avocats.
B. Responsables
Le camp fonctionna pendant 3 ans, du 20 août 1941 au 17 août 1944.
A la libération, la ville est surnommée « Drancy la honte » et « Drancy la juive ».
Bien que cette ville connaisse l’action résistante de sa population, (comme Madame Ottelard employée à la mairie de Drancy déportée, M Decocola médecin, M. Raymond Justice fusillé, Fernand Péna déporté.... ). ce camp reste la tâche noire de Drancy.
"Pitchipoï" c’est un mot qui revenait sans cesse au camp. Les juifs de France étaient regroupés dans ce camp pour ensuite être déportés. Drancy était donc l’antichambre d’Auschwitz.
Les détenus ne connaissaient pas le nom de la direction vers laquelle ils étaient dirigés par convois réguliers. Ils ne pouvaient qu’observer que nul ne revenaient. Le nom d’Auschwitz n’était pas connu comme aujourd’hui. Alors, cette direction pris le nom de "Pitchipoï". Avant d’arriver dans ce purgatoire dont tout le monde partait en direction de l’enfer nazi, les juifs ont connu une montée croissante des mesures antisémites. A l’arrivée au camp d’internement, ils doivent apprendre à vivre dans un environnement hiérarchisé, structuré.
== Les mesures antisémites ==
27 septembre 1940 : les juifs doivent se rendre dans les commissariats de quartier pour être recensés. Dès octobre le « service français » se charge du recensement. Plus tard, le mot « Juif » sera apposé sur les cartes d’identité. Ce même service doit gérer le camp de Drancy et organiser les rafles et les déportations.
8 mars 1941 : le « commissariat général aux questions juives » est créé. Il doit préparer les mesures législatives relatives aux juifs, leur spoliation. Il dispose librement des forces de police.
26 avril 1941 : ordonnance allemande définissant le juif.
11 mai 1941 : « l’institut d’étude des questions juives » est fondé. Il organise les manifestations antisémites, la création et la propagation d’affiches, journaux et tracts antisémites. Il classe les dénonciations, organise les expropriations et l’affectation de ces biens nouvellement acquis.
13 août 1941 : les T.S.F. appartenant aux juifs sont confisqués puis leurs bicyclettes.
7 février 1942 : ils doivent rester chez eux entre 20h et 5h.
29 mai 1942 : obligation du port de l’étoile jaune.
8 juillet 1942 : interdiction de fréquenter les lieux publics.
1943 : création du service « permilleux » (nom du commissaire responsable du Service des affaires juives rattaché en 1943 à la Police judiciaire) qui est chargé d’organiser les rafles, de ramasser les juifs isolés et de former des équipes d’interpellation.
== Le camp d’internement et de transit de Drancy ==
’A°) Le bâtiment’’’
Le camp était installé dans la cité de la muette. Les bâtiments sont en forme de U avec 4 étages. Entre les 2 branches du U, il y a un espace de 200 mètres de long et 40 mètres de large. De cette cour, on peut voir très facilement la rue. L’ensemble était entouré de ronces artificielles, de barbelés, tour de guet.
B°) L’administration’’’
Le camp connu 3 directions allemandes différentes :
- Dannecker du 20 août 1941 au 1 juillet 1942
- Röthke du 1 juillet 1942 au 2 juillet 1943
- Brunner du 2 juillet 1943 au 17 août 1944
Sur place, il y avait l’administration française avec au sommet un commandant français secondé par une équipe d’inspecteurs de la police judiciaire chargés de l’état civil ainsi que de la surveillance extérieure et intérieure.
Il y avait un économat gérant la cuisine, les vivres, le matériel et les dépôts.
Un service de santé fut aussi créé. En 1942, le service médical est amélioré grâce à l’aménagement d’infirmeries différentes pour les femmes, les hommes et les enfants.
Un service de porteurs pour les enfants, les malades et les vieillards lors des arrivées ou départs fut mis en place. En août 1942, les enfants avaient à leur disposition un réfectoire puis en octobre une école.
Un vaguemestre fut nommé par la préfecture parmi les gendarmes pour la correspondance et les colis.
Ces services employaient des internés.
Parallèlement se trouve une administration juive avec un chef de camp, des chefs d’escaliers, des chefs de chambrée, un service social, un service de nettoiement de la cour et un service d’hygiène.
La liste des déportés était établie par le bureau des effectifs. Des particularités ( être mari d’aryenne, anciens combattants, employés du camp, femmes ou enfants de prisonniers de guerre) retardaient l’inscription sur ces listes.
Kohn, le chef de camp désigné améliorera l’organisation intérieure, cuisine, infirmerie, etc... .
En 1943, une « chancellerie » fut créée s’occupant du classement des internés :
- les aryens, les conjoints d’aryens et les demi-juifs
- Les personnes n’appartenant à aucune catégorie ( celle-ci représentaient les déportables).
- Les cadres du camp
- Les ressortissants de nationalités protégées
- Les femmes de prisonniers de guerre
- Les personnes attendant l’arrivée de leur famille encore en liberté
C ) Le règlement
En août 1941, alors que les structures d’accueils n’étaient pas finies, un règlement intérieur avait déjà été instauré par le chef de l’administration antijuive de France, le préfet de police et du général de gendarmerie de Paris. Le règlement devait être une « discipline de prison militaire ». Il était interdit de fumer, de lire, de s’adonner à quelconques loisirs, de sortir dans la cour, de recevoir du courrier ou des colis.
D°) Les horaires
Le réveil était sonné par un gong à 6h du matin. La distribution du café commence. A 7h, on sifflait l’appel. Il dure une heure en
général, parfois deux suivant la ténacité des gardiens. Puis les détenus, regroupés par escaliers, descendaient pour la promenade. Entre 11h et midi, c’était la distribution du pain puis de la soupe. La soupe du soir était distribuée vers 18h.
E°) Alimentation et marché noir
C’était la préfecture qui avait pour rôle de fournir en aliments le camp.
Les repas étaient surtout constitués de soupe, de légumes crus que les détenus épluchaient eux-mêmes. Parfois même les déchets de ces aliments étaient cuis et redistribués.
Le propre du camp, et ce comme dans tous les autres camps nazis, était l’économie maximum. Tout ce qui pouvait être recyclé ou exploité tel que l’homme lui-même, étaient utilisés.
La sous-alimentation a provoquée environ une quarantaine de morts à Drancy. La dysenterie sévissait aussi. Pour tenter de combler ces manques, un réseau de marché noir vit le jour. Une ration de pain de 200g était vendue 150F puis baissa à 35F. Le morceau de sucre à 5F, l’allumette 2F, une feuille de tabac 2F, 50g de tabac 450F, la cigarette 12,50F allant en temps de crise jusqu’à 100F. Le paquet de 20 cigarettes a atteint 2200F. Même une bouffée de fumée était marchandée, elle valait 10F. Au camp, des journaux étaient introduis et vendus 50F.
F°) Le travail
L’exploitation des détenus du camp de Drancy commença en juillet 1943.
Des maris d’aryennes furent envoyés à Cherbourg et sur l’île d’Aurigny pour effectuer divers travaux plus pénibles les uns que les autres.
Les magasins Lévitan de Paris reçurent des détenus pour ranger, emballer tout ce qui avait été spolié aux juifs par les allemands ( meuble, linge, livres, œuvres d’art…). Ces magasins étaient les fournisseurs allemands.
D’autres centres de travail furent ainsi créés comme par exemple « le camp d’Austerlitz ». Habituellement les conditions de travail et de ravitaillement y étaient correctes.
Dans le camp même divers travaux furent aussi exécutés : la cour fut nivelée, cimentée et recouverte d’une pelouse au centre (comme elle est toujours aujourd’hui). Le block 3 des cadres du camp fut complètement réaménagé. Les allemands se firent construire une salle de douche,une basse-cour et une porcherie. Le travail débutait à 7h et se terminait à 19h.
G°) Etat d’esprit des prisonniers
Les conditions de vie du camp vont en s’améliorant vers la fin ou du moins les conditions morales.
La présence des femmes et des enfants, au départ il n’y avait que des hommes, rend le quotidien moins pesant.
De plus, il était dit par l’administration aux prisonniers que désormais les familles seront regroupées ; simple mensonge. Le moral monte avec l’arrivée de plus en plus proche des alliés. Le moral est si haut qu’il redonne courage à 14 détenus qui tentent une évasion le 9 novembre 1943.
Ils creusent un tunnel mais malheureusement, faute de calcul, ils ressortent dans le camp, à quelques mètres de la sortie. Le 20 novembre, ces 14 prisonniers avec 65 cadres et le chef de camp furent déportés.
H°) Le camp en chiffres
Au camp de Drancy, environ 100 000 détenus furent recensés : hommes, femmes, enfants, vieillards, bébés. A la libération, on ne trouva que 1467 internés.
Jusqu’en juillet 1942, les arrestations et par conséquent les déportations aussi, ne concernaient que les hommes. Le nombre de déportés variait selon les convois :
300 hommes le 12 décembre 1941, 50 hommes le 27 janvier 1942, 500 hommes le 27 mars 1942, 500 hommes le 29 avril 1942 partirent vers la Pologne via le camp de Compiègne.
Puis, le 23 juin, 1000 hommes partirent directement de Drancy. Après la conférence de Wansee où la solution finale fut mise en place, le nombre des déportations augmenta. Le 19 juillet 1942, ce sont 1000 personnes qui sont déportées et cette fois parmi elles des femmes et des enfants. De ce jour jusqu’en septembre, on comptait 3 départs en déportation par semaine ; le dimanche, le mardi et le mercredi. D’octobre 1942 à juillet 1943, il y eut environ 15 000 déportés. Durant toute la période d’activité du camp, on compte 67 693 déportés.
En 1942, on dénombre de janvier à juin 5 convois d’hommes puis de juillet à décembre 31 convois « mixtes ».
En 1943, on évalue, de février à décembre, le nombre de convois à 17, uniquement mixtes.
En 1944, de janvier à août, il y eut 11 convois mixtes, en mai 2 convois de femmes de prisonniers de guerre, en juillet un autre convoi semblable et en août un convoi d’otages.
== Le tunnel de Drancy : un acte de résistance ==
Quand un interné commettait ce que les Allemands appelaient une "Schweinerein" (Cochonnerie), comme par exemple une tentative d’évasion, ceux-ci appliquaient le principe de la responsabilité collective et cinquante internés étaient systématiquement victimes de sévices.
En septembre 1943 les Résistants du camp, désireux de s’évader pour reprendre la lutte armée contre l’ennemi, estimant qu’ils n’avaient pas le droit de mettre en danger la vie des autres, réalisèrent un tunnel destiné à permettre l’évasion de la totalité des internés du camp, entre l’appel du soir et l’appel du matin.
Lorsqu’il fut découvert par les S.D. des S.S., le tunnel mesurait 38,50 mètres de long, 1,30 m de haut et de 60 à 80 centimètres de large. Il était boisé et éclairé. Il devait aboutir, 1,50 m plus loin, dans la tranchée-abri qui bordait l’avenue Jean-Jaurès de Drancy, ce qui donnait une zone de dispersion très importante.
Les Allemands procédèrent à l’arrestation de quatorze membres de l’équipe du tunnel, qui furent interrogés sous la torture (un coup de feu blessa Georges Gerschel à la jambe). Aucun ne parla.
Ils furent déportés par le 62e convoi, le 20 novembre 1943. Sur les quatorze, douze sautèrent du train en marche et purent rejoindre la Résistance. Claude Aron fut arrêté à Lyon, alors qu’il avait un poste de responsabilité dans un maquis. Torturé à l’hôtel Terminus à Lyon, il avoua s’être évadé du train de déportation, pour ne pas mettre en cause ses amis du maquis. Ramené à Drancy, il y fut épouvantablement torturé, déporté et tué à son arrivée à Auschwitz. (Témoignage des survivants du tunnel).
’’’L’équipe du tunnel de Drancy’’’
Claude ARON, pharmacien, licencié en sciences et en droit, capitaine d’artillerie. Initiateur du tunnel, évadé du 62e convoi, déporté , mort à Auschwitz.
Jean BADER, chef du service de sécurité, décédé.
Juda BASICURINSKY , mort en déportation.
Pierre BLOCH, déporté.
Colonel Robert BLUM, déporté, mort en déportation. Commandant du camp de Drancy et commandant de la résistance.
Georges BODENHEIMER, déporté, mort en déportation.
Pocicelsky dit Jacques BORIS, évadé de déportation, décédé.
Serge BOUDER, évadé de déportation.
Jean CAHEN-SALVADOR, Conseiller d’État, évadé de déportation, décédé.
Elie CARIO, corps franc du Capitaine Neuville.
Bernard DREYFUS, professeur de médecine, décédé.
Robert DREYFUS, déporté, mort en déportation.
Georges GEISSMAN, décédé.
René GEISSMAN, décédé.
Georges GERSCHEL, évadé de déportation.
Roger GERSCHEL, évadé de déportation, décédé.
Eugène HANDSCHUH, évadé de déportation. décédé le 8 juillet 2017
Louis HANDSCHUH, évadé de déportation.
Oscar HANDSCHUH, évadé de déportation, décédé.
Maurice KALIFAT, évadé de déportation, décédé.
Léon KUTNER, chirurgien dentiste.
Roger LEVY, décédé.
Georges LEVITZKI, décédé.
Robert MANUEL, sociétaire de la Comédie Française, décédé.
Monsieur Charles MEYER, décédé.
Jean OPPENHEIMER, déporté revenu.
Claude RAIN.
Michel SCIAMA.
Roger SCHANDALOW, évadé de déportation.
Henri SCHWARTZ, déporté revenu, décédé.
Robert Antoine SCHWOB, professeur de médecine, décédé.
Abraham STERN.
Raymond TREVES, évadé de déportation, décédé.
André ULLMO, initiateur du tunnel, avocat à la Cour, décédé le mardi 17 juin 2008 à l’âge de 94 ans
Stanislas VADASZ, déporté, mort en déportation.
Jean VARON, décédé.
Raymond WALCH, décédé.
Docteur Marc Adrien WEILL-WARLIN, ancien interne des hôpitaux de Paris, chef de clinique, assistant des hôpitaux, décédé.
Docteur Raymond WEILLE, décédé.
== La déportation ==
Les sélectionnés pour la déportation, la veille du départ, avaient les cheveux coupés et la barbe rasée. Ils passaient à la fouille puis étaient regroupés par 50 dans les chambres réservées aux départs avec interdiction formelle d’en sortir. Ils recevaient une soupe et un "casse croûte" pour le voyage.
A l’aube, après avoir bu l’ersatz de café, par ordre alphabétique, ils allaient posés leurs bagages sur la plate-forme d’un autobus puis s’y installaient pour être emmenés à la gare du Bourget -Drancy, rassemblés sur le quai dit « aux moutons ». Plus tard ils partirent de la gare de Bobigny.
Ils étaient chargés dans les wagons à bestiaux bousculés par les allemands. Après plusieurs jours de voyage, ils arrivaient exténués à Auschwitz-Birkenau. Leurs souffrances physiques et morales ne marquaient qu’un début d’une descente prolongée aux enfers.
A la descente, une brève sélection par un contact rapide et parfois quelques questions. Vers la fin de la guerre la sélection sera effectuée par les déportés eux-mêmes : les deux portes du wagon étaient ouvertes, ceux qui descendaient à droite restaient en vie (du moins pour un certains temps) et ceux qui descendaient à gauche allaient directement vers les chambres à gaz.
== Drancy aujourd’hui ==
Le camp de Drancy est redevenue une cité HLM . Une plaque apposée au premier escalier rappelle la présence des prisonniers de guerre. Une autre plaque remémore le courage des 14 détenus tentant une évasion . Une dernière plaque honore le Général de Gaulle.
Le 9 mai 1976, un monument commémoratif a été inauguré.
==Mémorial national du camp de Drancy==
Le monument inauguré en 1976, est l’œuvre du sculpteur SHELOMO SELINGER.
’’"J’ai réalisé le Monument de Drancy à la suite d’un concours international. Il est appelé à perpétuer la mémoire des Juifs enfermés dans le camp installé en ce lieu, d’où ils furent déportés dans les camps d’extermination nazis. J’espère qu’il sera à même de transmettre aux générations futures les émotions qu’en qualité de rescapé des camps nazis, j’ai revécues deux années durant, en travaillant à cette œuvre.’’
’’Voici les symboles que l’on retrouve sur ce monument :’’
’’Les 3 blocs, posés sur la butte pavée, forment la lettre hébraïque « SCHIN », traditionnellement gravée sur la « mezouza » apposée sur la porte des maisons juives.’’
’’Les 2 blocs latéraux symbolisent les portails de la mort, le camp de Drancy étant considéré comme « l’antichambre de la mort ».’’Le bloc central est composé de 10 personnages, ce nombre étant nécessaire pour la prière collective (Minyan).’’Sur le devant : un homme et une femme incarnant la souffrance et la dignité.’’
’’Au milieu, la tête d’homme avec un cube rituel sur le front (Tefilin) symbolise la prière.’’
’’En bas, deux têtes renversées symbolisent la mort.’’
’’Deux lettres hébraïques « LAMED » et « VAV » sont formées par la coiffe, le bras et la barbe des deux personnages, en haut de la sculpture. Ces deux lettres ont la valeur numérique 36, selon le nombre de « Justes » grâce auxquels le monde subsiste (selon la tradition juive).’’
’’Les deux rangées de 7 marches vont en rétrécissant vers la porte de la mort. Elles symbolisent l’élévation des âmes des victimes tout comme les 7 degrés de l’enfer qu’ils durent subir avant la mort.’’Des formes circulaires au bas de la sculpture, sont les flammes dévorantes et les flammes du souvenir.’’
’’L’arrière du Monument :’’
’’ Les portes de la mort se referment. Les marches se rapprochent et se dirigent vers les rails et le Wagon-Témoin.’’ Sur la sculpture : une femme tient un enfant dans ses bras en souvenir des 1 500 000 enfants juifs arrachés à leurs mères ou assassinés avec elles.’’ ’’Plus bas, une tête dans les flammes, symbolisant la souffrance, et deux têtes renversées, s’enroulent dans les formes circulaires du feu.’’
’’La surface arrière du monument :’’
’’Des rails de chemin de fer relient le monument au wagon : c’est le chemin des martyrs. Dans ce wagon, aménagé en musée, 100 personnes étaient entassées pour leur transfert vers les chambres à gaz’’." ’’’Shelomo Selinger’’’
Entre la pelouse aménagée par les détenus eux-mêmes et ce monument se trouve un ancien wagon à bestiaux réaménagé et transformé en musée.
==Le wagon-témoin du mémorial National du Camp de Drancy==
Le wagon de transport de marchandises est identique au type de wagons en circulation en France dans les années 1940.
Ce wagon, donné par la SNCF en 1988 à la commune de Drancy, date de 1941.
Il a été fabriqué à Maubeuge, dans les usines du Tilleul.
La présence du wagon au cœur même de la Cité de la Muette contribue au souvenir de cette page douloureuse de l’Histoire.
Un arrêté du Ministère de la Culture en date du 27 mars 1990 considère que le wagon présente un intérêt public au point de vue de l’Histoire et classe le wagon parmi les monuments historiques (objet mobilier de propriété communale). Il bénéficie ainsi d’une mesure de protection.
Le site a été classé monument historique le 25 mai 2001.
Des graffitis ont été découverts en 2009 par des ouvriers lors de travaux de rénovation de la Cité de la Muette. Les plus anciens datent d’août 1941, gravés ou écrits au crayon.
Parmi ceux ci un poème :
"Je m’en vais vers l’inconnu
En suivant mon destin
Et en laissant tristement ici
Mon bonheur et mes chagrins
La vie fut belle en ce pays
Où je n’ai plus le droit de rester".
Ces plaques, monuments et musées doivent nous rappeler quel a été l’horreur nazi, qu’un jour l’homme a été bafoué par l’homme, que l’intolérance et l’indifférence mènent aux pires horreurs. Ces lieux du passé doivent être un pont vers un avenir meilleur.
== Bibliographie ==
Pitchipoï via Drancy, le camp (1941- 1944) écrit par Jean Chatain
Regards sur Drancy de Raymond Liegibel photo : Mémorial de Drancy de Shelomo Selinger
Archives Communale de Drancy - Journal la Voix de l'Est