Camille Delétang est né le 15 novembre 1886 à Saint-Pierre-du-Regard, dans l'Orne où son père est instituteur.

Après sa scolarité en collège à Condé-sur-Noireau (dans le Calvados, à la limite de l'Orne), puis à Argentan, il obtient le baccalauréat ès sciences en 1905. Il devient docteur en droit à l'université de Caen, tout en travaillant comme clerc de notaire à Caen. 1914-1918. Le 2 août 1914, il est mobilisé à Argentan au 304e régiment d'infanterie. Le 4 août, son régiment rejoint le front sur la plaine de la Woëvre au sud de Verdun. Il participe, avec le grade de sergent puis d'adjudant aux côtés d'André-François Poncet, futur ambassadeur de France à Berlin, aux atroces combats à partir de septembre 1914, dans le secteur de Limey et de Saint-Mihiel, où sont morts Louis Pergaud et Alain-Fournier et où ont combattu également Maurice Genevoix et Jean Giono. Par deux fois gravement blessé par un éclat d'obus, il est soigné dans plusieurs établissements de soin de l'armée au Mans. Nommé lieutenant et officier détaché à l'état-major, il termine la Grande Guerre comme officier d'ordonnance du général Mazel, commandant la IVe région militaire du Mans. 1920-1940. A la démobilisation en mars 1920, il est fait chevalier de la Légion d'Honneur avec Croix de Guerre. Il se fixe au Mans et se consacre à la défense de la cause des mutilés, des anciens combattants et victimes de la guerre 1914-1918. Il est président du « Mutilé Sarthois » et dirige la section de la Sarthe de l'Union Nationale des Combattants. Il devient président national de la Fédération Nationale des Mutilés, Victimes de Guerre et Anciens Combattants. De 1920 à 1924, il est gestionnaire du patrimoine immobilier des usines Chappée de Sainte-Jamme et de Port-Brillet. Les deux frères Chappée, Julien et Louis, lui ont également confié la gestion de leurs biens propres. Puis il travaille au contentieux de l'entreprise de travaux publics du Mans, Garczinsky. En 1922, il apporte son concours à la société savante « La Province du Maine », à sa revue, et en assume la fonction de trésorier. La même année, il crée avec le général Garde la section régionale (quatre départements dont la Sarthe) de la société de la Légion d'Honneur dont il deviendra le président. Il est également président-fondateur de l'Association Nationale de la Presse Combattante.

Il se marie le 18 décembre 1924 avec Jeanne Faguelain à Neuilly-sur-Seine. Il aura deux filles.

En décembre 1939, il lance dans la revue « La Province du Maine » ce mot d'ordre : « Nous continuons ». 1940-1945. Dès décembre 1940, il participe avec le capitaine Floch dont il est voisin rue de la Motte (devenue en 1969 rue du capitaine Floch) à la rédaction de tracts pour essayer de neutraliser la Propaganda Staffel. En avril 1941, il entre dans un groupe clandestin avec notamment Henri Lefeuvre, le maire du Mans, l'ancien préfet Martin, l'ancien député Gourdeau. Au début de l'année 1942, Le SOE (Special Operations Executive) met en place un premier réseau, « Autogiro » qui disparaît bientôt. Le Bureau des Opérations Aériennes (BOA) recherche des terrains de parachutage dans la Sarthe. Début janvier 1943, Camille Delétang est désigné pour diriger les actions du BOA dans la Sarthe et la Mayenne. Dans la Sarthe, huit groupes sont constitués et vingt terrains sont homologués. Dans le même temps, Camille Delétang, (« Kiki » ou « Marciguey ») entre à l'OCM (Organisation Civile et Militaire) puis dans l'Armée Secrète en juillet 1943. Il est désigné pour diriger le 2e Bureau (espionnage et contre-espionnage) pour la région M4. Il est également chef du réseau « Marco » pour la Sarthe, le réseau d'espionnage du SR Guerre (service de renseignement de l'armée de terre).

Il cumule toutes ces actions jusqu'à son arrestation le 22 février 1944, au Mans par la SIPO-SD (la Gestapo en France). Incarcéré à la prison des Archives, il subit l'extrême brutalité qui accompagne ses interrogatoires.

Le 7 août 1944, la veille de la libération du Mans, il fait partie du dernier convoi en direction de Fresnes puis du camp de concentration de Buchenwald où il arrive le 24 août. Il est ensuite envoyé au Kommando d'Holzen. C'est là qu'il réalise plus de deux cents portraits de ses camarades de déportation.

Les Alliés à l'ouest, après avoir franchi le Rhin, resserrent l'étau en direction de Berlin. Les SS évacuent les camps et conduisent les déportés dans des conditions atroces vers d'autres camps moins menacés : c'est la « Marche de la Mort ». Camille Delétang part de Holzen le 5 avril 1945 et arrive au camp de Belsen le 11 avril dans un état d'épuisement total. Entre temps, à cause d'un énorme bombardement en gare de Celle, où le convoi des déportés est arrêté, la musette de Camille Delétang qui contenait ses dessins et les notes du docteur Roux, son proche compagnon de déportation, leur est volée par un autre déporté croyant y trouver de la nourriture. Les conditions à Belsen sont épouvantables : des monceaux de cadavres se sont accumulés dans le camp.

L'armée britannique libère le camp de Bergen Belsen le 15 avril 1945. Epuisé par le typhus et la dysenterie, il est rapatrié par la Belgique et hospitalisé à Roubaix.

Il rentre au Mans le 31 mai 1945. 1945-1969.

Après un an de convalescence, à 59 ans, il reprend ses activités professionnelles à Bourges.

En juin 1946, il est nommé vice-président de la « Province du Maine » dont il deviendra président quelques années plus tard. Il est choisi par ses camarades de déportation pour présider la jeune association départementale de la Fédération nationale des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP) aux côtés du chanoine Lelièvre.

Au niveau national, il préside désormais la Fédération nationale des Mutilés, Victimes de Guerre et anciens Combattants qui se retrouvera ensuite dans la Fédération André Maginot et dont il restera le président national pendant seize ans.

Il assure également la présidence de l'Union nationale des anciens Combattants (UNAC).

En 1946, il est élevé au grade de Commandeur de la Légion d'Honneur, Croix de Guerre 1939-1945, décoré de la Rosette de la Résistance, et fait officier du Mérite social.

Il participe à de nombreuses organisations : administrateur de l'Office national des anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONAC-CG), administrateur de l'Amicale des Officiers de Réserve, membre du Conseil supérieur du Mérite civil, membre d'honneur de l'Amicale des Officiers belges, membre honoraire à vie de « The American International Academy ». Il est élevé au grade de Grand Officier de la Légion d'Honneur à titre militaire en décembre 1957.

Camille Delétang est décédé le mardi 23 décembre 1969 à l'âge de 83 ans, en son domicile au Mans.

 

 

 

Biographie établie par Pierre CHESNIER

 

 

 

 

 

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