Notre camarade le Général de Corps aérien Michel Delaval vient de nous quitter.
Il est né le 25 aout 1923 au Mans. J’ai fait sa connaissance au Prytanée Militaire de La Flèche, où il était, comme moi-même, en terminale au cours de l'année scolaire 1939-40. Il a été reçu à Saint-Cyr en 1942, dans la même promotion que Jean Mialet et qu’un de mes deux frères.
Il est entré dans l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA), et a été arrêté. Nous sommes partis à Buchenwald par le convoi du 27 janvier 1944 et transférés à Dora le 13 mars. A partir de ce moment, nous avons formé avec Pierre Breton – qui a joué un rôle important dans l’Amicale de Buchenwald-Dora – et Maurice Clergue, un groupe compact. Nous ne nous sommes plus quittés, avons vécu les mêmes aventures, et avons été libérés ensemble dans les environs de Ravensbrück.
Il a, au cours de sa déportation, affronté les évènements avec sérénité, aidé en cela par sa foi. Il a d’ailleurs participé à des cérémonies religieuses clandestines, activité qui n’était pas exempte de risques. Il était en général d’un grand calme. Mais je l’ai tout de même entendu, un jour où notre Vorarbeiter polonais – jeune salopard prêt à tout pour garder les avantages que lui procurait son brassard – était particulièrement odieux, lui lancer avec vigueur, à deux reprises, le mot de Cambronne pour la plus grande joie du Kommando.
Au retour, il a réussi à se faire verser dans l’armée de l’air, dernier des Saint-Cyriens de cette armée, où il a fait une très belle carrière. Elle s’est terminée à l’administration centrale du Ministère de la Défense, où ses quatre étoiles l’ont fait accéder au poste très important de Major Général des Armées.
Si nous ne l’avons pas vu souvent à l’Amicale Dora-Ellrich, c’est parce qu’après la cessation de son activité il a consacré l’essentiel de ses forces et de ses loisirs à sa promotion de Saint-Cyr, qu’il a présidée pendant de longues années.
Ses obsèques, qui ont eu lieu le 12 aout 2010 à l’église Saint-Symphorien de Versailles, ont réuni, malgré les vacances, une assistance importante, qui comptait plusieurs représentants de sa promotion et de nombreux membres de notre Amicale, dont certains étaient venus de banlieues éloignées.
Il était grand officier de la Légion d’Honneur, et titulaire de nombreuses décorations.
Il était marié, mais avait eu le chagrin de perdre son épouse il y a quelques années. Il avait sept enfants, vingt et un petits-enfants et onze arrière petits-enfants.
A tous les membres de sa famille, notre Amicale renouvelle ses condoléances, et tient à dire la tristesse qu’elle éprouve de la perte d’un de ses derniers déportés survivants.
Louis GARNIER