La formule « mort pour la France » occupe une place singulière dans la mémoire nationale française. Issue du XXe siècle, elle est à la fois une désignation juridique, une reconnaissance collective et une inscription symbolique dans le récit national. D’abord « mort de la Nation », la reconnaissance des tués de la guerre opère un premier glissement sémantique en juillet 1915 avec la création de la mention « mort pour la France ». Ce passage marque une transformation profonde de la manière dont la République honore ses morts, en particulier dans le contexte d’une guerre de masse où l’anonymat du soldat devient emblématique de l’engagement collectif. Ces derniers sont alors commémorés lors du 11 novembre, cristallisant cette mémoire. Mais les pratiques commémoratives ont elles aussi évolué, reflétant les changements dans la perception du sacrifice militaire, les attentes sociales en matière de reconnaissance, et les élargissements successifs du champ des bénéficiaires de cette mention. En effet, des conflits coloniaux aux opérations extérieures contemporaines, en passant par les victimes du terrorisme, la formule s’est étendue, redéfinissant les contours de la citoyenneté et de l’héroïsme.
Cette journée d’étude propose d’interroger les origines, les usages et les évolutions de cette expression, « Morts pour la France », depuis son émergence au lendemain de la Première Guerre mondiale jusqu’à ses résonances contemporaines.
Programme:
- En matinée
9h-9h15 | Ouverture | Jean-Baptiste Romain, directeur des hauts lieux de la mémoire nationale en Île-de-France
9h15-9h45 | Introduction | Denis Peschanski, directeur de recherche émérite au CNRS
10h-12h30 | Création et usage d’une mention
Histoire d’une mention : être MPF | Daniel Arnaud, ancien chef du Département Reconnaissance et Réparation (ONaCVG)
L’appropriation de la mention « Mort pour la France » dans la gestion des sépultures de guerre » | Sami Thellier, Chargé d’études des sépultures militaires en France, en Algérie et au Maroc
Le cas particulier de la mention en Alsace-Moselle | Ilse Hilbold, Coordinatrice scientifique - Monument numérique Alsace-Moselle 1939-1945
- En après-midi
14h-17h30 | Mourir pour la France, de la Première Guerre mondiale à aujourd’hui
Traiter les morts au combat | Taline Garibian, collaboratrice scientifique
Reconnaître. Les plaques de la Ville de Paris de la Première Guerre mondiale | Frédéric Jimeno, responsable du Monument aux morts de la Grande Guerre, Ville de Paris
Morts en déportation, des morts pour la France ? | Thomas Fontaine, docteur en histoire et directeur des projets du Réseau du Musée de la Résistance nationale
Mourir pour la France en Algérie | Manon Walin, docteure en histoire
Mourir pour la France aujourd’hui | colonel Vincent Lazerges, commandant du 7ème Bataillon de chasseurs alpins
17h30-18h | Conclusion | François Azouvi, philosophe et historien, CNRS/EHESS
L'évènement se tiendra au Cercle National des Armées, 8 place Saint-Augustin 75008 Paris