Monin jean biographie


Fils d’un gendarme vétéran de la « Grande Guerre », né le 6 avril 1927 à la Chaux du Dombief (Jura), Jean Monin est élevé dans les valeurs d’honneur et d’amour de la patrie.
Il perçoit la défaite de 1940 comme une honte. Heureusement l’appel du Général de Gaulle du 18 juin 1940, entendu fin juin 1940 sur Radio Londres « les français parlent aux français » lui redonne l’espoir d’une lutte contre l’occupant afin de redonner sa liberté à la France.
Son père, gendarme à Groisy, le Plot et Thorens-Glières en Haute Savoie, enseigne, depuis 1937, la préparation militaire aux jeunes de 16 à 17 ans qui souhaitent devancer l’appel. Le jeune Monin participe activement à cet enseignement.
Dès septembre 1940, son père et lui enterrent des armes et des munitions dans leur terrain. En mars 1943, la gendarmerie reçoit l’ordre d’arrêter les réfractaires au S.T.O. Son père lui demande d’être le relais permanent de Joseph Eminet, alias Colette, un des responsables locaux de la Résistance A.S. (Armée Secrète), afin de prévenir les intéressés.
Son père avait une amie résistante en poste à la Préfecture, il obtient ainsi un tampon destiné à la fabrication de fausses cartes d’identité, dont la sienne au nom de Richard André.
Il participe à la réussite de plusieurs coups de main, dont la récupération de la totalité du stock de vêtements « jeunesse et montagne » entreposés au château d’Annecy. Le 4 septembre 1943, Jean Monin entre au corps-franc Simon.
Le lieutenant François Servant alias Simon, blessé par les Gardes Mobiles de Réserve (G.M.R.) le 23 janvier 1944 entre Eloïse et Bellegarde est transporté à l’hôpital d’Annecy. Le 24 janvier, le corps franc tente, en vain de le récupérer. Au retour le groupe est intercepté par une colonne allemande à Saint Martin-Bellevue. Sur les quatorze membres du groupe, quatre réussissent à s’échapper, dont Pierre Tortel, alors que les dix autres sont arrêtés et emmenés à la Caserne Galbert du 27ème bataillon des Chasseurs Alpins (B.C.A.) à Annecy. Les camarades de Jean Monin sont fusillés dans la nuit, alors que sa fausse carte d’identité et son jeune âge, seize ans, le sauvent certainement de l’exécution.
Pendant ses seize mois de captivité, il s’appellera Richard André.
Menotté au pied d‘une table, il est frappé à coups de matraque, interrogé, il ne faiblit pas dans ses déclarations. Quatre jours, plus tard, il est interné à la prison de Montluc, avec deux passages à l’Ecole de Santé, avenue Berthelot où il subit des interrogatoires.
Fin février il est transféré depuis la prison de Montluc au camp de Compiègne Royallieu.
Le 22 mars 1944, il est déporté en wagon à bestiaux, destination inconnue. Après 2 jours et 3 nuits, nu dans le wagon, il arrive à 5 heures du matin sur le quai d’une gare, couvert de neige.
Il passe ses 17 et 18 ans aux camps de Mauthausen et Gusen.
Le 28 avril 1945 il est rapatrié sur la Suisse par la Croix Rouge Internationale. Après un séjour en Suisse, il retrouve ses parents à Saint Nazaire en Royans au pied du Vercors où son père, gendarme, avait été muté par mesure disciplinaire après son arrestation.
Depuis 1995, il rencontre des jeunes collégiens et lycéens qui participent au Concours National de la Résistance et de la Déportation. Il est président d’honneur de l’A.F.M.D. (Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation) Drôme Ardèche, dont il est le fondateur. Il organise chaque année des voyages au camp de Mauthausen où un film a été réalisé en 2004 « l’itinéraire d’un déporté », film destiné à la jeunesse

L'adieu à Jean Monin

L’ADIEU A JEAN MONIN
Notre président d’honneur et fondateur de l’A.F.M.D. Drôme￾Ardèche nous a quittés le 2 juillet 2019 à l’âge de 92 ans, ne laissant
que des regrets et accompagné par de nombreux amis et
personnalités du monde combattant et du gouvernement ainsi que
de nombreux porte-drapeau.
Depuis 2004, il œuvrait pour le devoir de Mémoire surtout auprès
des jeunes à travers de nombreuses rencontres dans les
établissements scolaires avec la projection d’un film initié par lui￾même, intitulé « ltinéraire d’un déporté : Mauthausen » et suivie
d’un débat toujours fort intéressant avec les élèves qui pour la
plupart découvraient la déportation.
De nombreux voyages ont été organisés sous sa houlette, soit d’une
journée au Mémorial de Montluc, soit de plusieurs jours dans
différents camps de concentration : Mauthausen, Gusen, Struthof,
Auschwitz.
Il faisait partie du jury du Concours National de la Résistance et de la
Déportation en Drôme et participait chaque année à la remise des
prix.
Sa plus grande fierté était de remettre des prix aux élèves qu’ils
avaient rencontrés au collège ou au lycée.
Henri Germain Président A.F.M.D. Drôme-Ardèche

Temoignage du matricule 60509

RICHARD ANDRE
MATRICULE 60509
Mauthausen le 26 avril 1945
5 heures du matin, un appel dans la schtub « Richard André komme »
Que se passe-t-il ?
Je vais être emmené à Hartheim ou à la chambre à gaz ?
On m’emmène à l’intérieur d’une baraque où l’on me fait déshabiller. On me donne des vêtements
civils et on me fait descendre vers la grande place à l’entrée du camp. Des camions blancs avec une
croix rouge sont stationnés et se remplissent de déportés.
Je commence à comprendre que la Croix Rouge nous prend en charge et que la liberté est proche.
7 heures, les camions partent pour une destination inconnue de nous. Dans la soirée nous faisons un
arrêt dans une ferme où nous couchons dans la paille à côté des vaches. J’en profite pour me glisser
sous une vache et tirer quelques gorgées de lait tout chaud. Quel bonheur !!
Départ le lendemain matin très tôt, dans l’après-midi vers 16 heures nous arrivons au pont du Rhin à
Bregenz.
Nous savons que la liberté est proche, le Suisse est de l’autre côté.
Pendant 2 ou 3 heures nous attendons l’autorisation de passer, des rumeurs circulent « il y a contre￾ordre… » « nous restons sur place… » « Himmler a donné des ordres… » puis enfin les camions
démarrent.
Nous sommes libres, la Croix-Rouge nous a libérés.
A mon arrivée en Suisse je retrouve mon identité : Jean Monin car pendant 16 mois j’ai vécu sous le
nom de Richard André.
Environ 1 semaine plus tard Hôpital de Saint Gall, nous réapprenons à nous nourrir puis nous
sommes rapatriés vers la France.
A mon arrivée à Annecy, je découvre que mes parents sont absents, mes copains sont là, ils
m’expliquent que mon père, gendarme à Groisy le Plot a été muté 5 jours après mon arrestation à
Saint Nazaire en Royans au pied du Vercors (il y avait une filière de la Résistance dans la
Gendarmerie).
Après de mes parents je me reconstruis. J’ai éliminé toute cette haine en moi, envers les SS, les
miliciens et collaborateurs et j’ai retrouvé une vie normale avec l’amour de la famille et le mental
acquis pendant tous ces mois où l’Homme pouvait devenir une loque bestiale.
Ils ont voulu nous avilir, nous sommes restés des Hommes

Intervention Jean Monin CNRD 22 mai 2019

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Directeur des Services Départementaux de l’Education Nationale,
Monsieur le Directeur de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre,
Mesdames et messieurs les professeurs et toutes les personnes qui ont aidé les élèves dans leurs
recheches,
Et surtout, vous, les jeunes qui avez participé au Concours National de la Résistance et de la
Déportation,
Le thème du concours 2019 est « Répression et déportations en France et en Europe. 1939-1945 ».
Mon propre parcours l’illustre parfaitement et je vous en dirai l’essentiel.
La guerre déclarée en septembre 1939 a touché presque tous les pays d’Europe. En ce qui concerne
la France, elle a débuté par une période qu’on appelé « la drôle de guerre » mais le 10 mai 1940, les
troupes allemandes ont envahi les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la France. Vers le 20
juin, soit guère plus d’un mois après, elles étaient dans notre région. Mais le 16 juin, Pétain devient
le chef du gouvernement français et demande l’armistice. Les troupes allemandes s’arrêtent au
niveau de la rivière Isère. Pétain instaure l’État Français qui met fin à la République.
Nous habitions alors en Haute-Savoie où mon père était gendarme. Il perçoit la défaite comme une
honte. Fin juin, nous avons entendu l’appel du général de Gaulle qui lui redonne l’espoir d’une lutte
contre l’occupant afin de redonner sa liberté à la France. J’avais alors 13 ans.
Dès septembre 1940, nous enterrons des armes et des munitions. En mars 1943, mon père me confie
des tâches de liaison entre les premiers groupes résistants. Je participe à plusieurs coups de main et
le 4 septembre 1943, j’entre au corps-franc Simon, j’ai 16 ans.
Le 23 janvier 1944, le lieutenant François Servant, alias Simon, blessé par les GMR est hospitalisé à
Annecy. Le lendemain, en tentant en vain de le récupérer, le corps franc est intercepté par une
compagnie allemande, basée à la caserne Galbet, à Annecy, occupée avant l’invasion de la zone
libre, en novembre 1942, par le 27ème BCA (Chasseurs alpins). Quatre membres peuvent
s’échapper, dix sont arrêtés, neuf sont exécutés. Certainement à cause de mon jeune âge et d’une
fausse carte d’identité, je ne suis pas fusillé.
Je suis désormais Richard André.
Pendant 4 jours, menotté, attaché au pied d’une table, je suis interrogé, frappé brutalement. Je suis
ensuite conduit, à Lyon, à la prison Montluc. Je continue à avoir des interrogatoires menaçants,
notamment à l’École de Santé, avenue Berthelot. Fin février, je suis transféré au camp de
Compiègne-Royallieu.
Le 22 mars 1944, avec plusieurs centaines de camarades, nous sommes entassés, nus, dans 11
wagons à bestiaux, 110 par wagon (prévus pour 40 hommes !), pour une destination inconnue. Le
voyage dure 2 jours et 3 nuits dans des conditions atroces avec une seule tinette par wagon. Nos
vêtements ont été entassés dans un 12ème wagon. Nos gardiens SS, eux, sont dans un wagon de
voyageurs, équipé d’une plate-forme avec une mitrailleuse servie par un SS.
L’angoisse règne, la soif est extrême, le moral baisse. La tinette est pleine. La situation dégénère,
certains se battent, d’autres implorent leur mère, tout cela dans une odeur nauséabonde, une
ambiance de déliquescence de l’être humain destinée à briser toute volonté de révolte. Ravaler au
rang de bête humaine, c’est la technique nazie pour nous transformer en sous-hommes exploitables
à merci.

Le 25 mars, nous arrivons, à 5 heures du matin, à la gare de Mauthausen. Chacun doit récupérer au
hasard un vêtement et des chaussures. Avec 15 cm de neige, nous gagnons le camp à plus de 4 km.
Nous découvrons une forteresse impressionnante en granit noir. L’aigle nazi domine l’entrée. Le
chef du camp nous avertit : « Vous êtes entrés par cette porte, vous sortirez par la cheminée du four
crématoire ».
Le dressage de l’homme commence… à coups de gummis, ces matraques en caoutchouc. On nous
met en quarantaine et nous couchons tête-bêche sur des paillasses à même le sol. On nous donne un
numéro matricule que nous devons apprendre, en allemand. Et comme chantait Jean Ferrat : « Ils se
croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres ».
La nourriture est sommaire, un brouet clair de betteraves à midi, 180 à 200 g de pain pour la
journée, un rectangle de margarine de 10 g et, exceptionnellement, une tranche de cervelas.
Le principal travail est celui de la carrière, il faut descendre les 186 marches pour accéder au
chantier pour extraire la pierre jusqu’au soir. L’air est irrespirable dans la poussière, dans le bruit et
le hurlement des kapos. La faim torture les prisonniers. Puis il faut remonter les 186 marches au pas
cadencé. Il faut encore subir l’appel.
Malgré toutes ces souffrances et ces efforts pour nous avilir, il reste, au fond de nous, cette lueur
d’espoir qui soutient notre mental et maintient l’esprit de résistance.
Dans ce camp de Mauthausen, j’ai côtoyé des déportés de différentes nationalités, des Espagnols,
des Polonais, des Yougoslaves, des Russes. Même si parfois, au début, les rapports étaient tendus,
les relations changeront très vite et deviendront amicales et humaines.
Les amitiés nouées au camp sont très fortes. Moi, gaulliste, suis devenu très ami avec Georges
Séguy, communiste, futur secrétaire général de la CGT, mon frère de souffrance. Nous étions les
deux plus jeunes déportés français de Mauthausen. Cette amitié se poursuivra jusqu’à sa mort.
J’ai passé mes deux anniversaires des 17 et 18 ans dans ce camp.
Pendant ces 14 mois au camp, j’ai appris la solidarité, la valeur de la vie, le respect de soi et des
autres et ma force mentale me permet de vous dire, jeunes gens et jeunes filles, que rien n’est
impossible. Il faut avoir une passion, un but dans la vie. Je savais pourquoi j’étais déporté et j’étais
persuadé que nos alliés et la Résistance triompheraient du nazisme. Mais sur les 1 218 arrivés avec
moi, seulement 534 sont revenus.
Car vient enfin le rapatriement vers la Suisse, grâce à la Croix-Rouge, le 28 avril 1945, une dizaine
de jours avant la fin des hostilités. Puis après un séjour pour tenter de retrouver des habitudes
d’homme, je rejoins mes parents à Saint-Nazaire-en-Royans où mon père avait été muté par mesure
disciplinaire, quelques jours après mon arrestation. Une filière résistante existait dans la
gendarmerie.
Répression, déportation, j’ai donc connu les deux.
Je suis un déporté parmi les déportés. Je ne suis pas un héros. Les héros sont ceux qui sont morts
dans les camps faisant le sacrifice de leur vie pour votre liberté aujourd’hui.
Mais gardons-nous de croire que c’est du passé, aujourd’hui en Europe et dans le monde, comme
l’écrivait Bertold Brecht, « Le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde », le fascisme
relève la tête. C’est à vous, les jeunes, que nous passons le relais. Devenez des passeurs de
mémoire.
Jean Monin

discour de Jean Monin 2017 Mauthausen

25 mars 1944
Après un voyage de 3 jours et 3 nuits (110 hommes nus par wagon à bestiaux, 40
hommes debout) nous arrivons à 5 heures du matin en gare de Mauthausen sous 15cm
de neige.


Je n’avais pas encore 17 ans et j’étais sous une fausse identité Richard André.


Les quelques rescapés ici présents ont vécu la même expérience.


Je ne décrirai pas nos premières impressions : le passage à la douche, etc. la quarantaine,
l’apprentissage à la vie d’un futur sous-homme.


Au bout de trois semaines ce fut l’attribution d’un travail dans une baraque, pour moi la
11.


Commencèrent alors les relations entre les différentes nationalités.


Le Français n’est pas apprécié des Espagnols de la baraque 12. Mon premier contact fut
décevant, nos camarades espagnols avait une rancœur envers nous, ils n’aimaient pas la
France qui les avaient très mal accueillis en 1939 lors de la retraite de la guerre d’Espagne
contre Franco. L’état français de Pétain en accord avec Hitler et Franco ne les
reconnaissait pas comme prisonniers de guerre et avait décidé de les sortir du stalag
pour les interner au camp de Mauthausen où ils devinrent des apatrides.
Les relations changeront très vite et deviendront très amicales et humaines.
Lors de mon transfert de la prison de Montluc à Compiègne, j’ai tissé des liens d’amitié
avec un résistant espagnol de Haute Savoie comme moi, Jose Oncin Delgado.
Mes liens d’amitié avec différents camarades espagnols furent très forts. José Cerecedas
qui travaillait au bureau des entrées m’a beaucoup aidé. Trois semaines avant la
Libération j’ai pu, grâce à lui, remonter du Rewir au camp central. J’ai une grande
reconnaissance envers mes camarades espagnols.
Mes contacts avec les Polonais furent au début avec des personnes d’un certain âge qui
parlaient très bien le français. Ils n’aimaient pas les Français qui avaient abandonnés la
Pologne en 1939. Nous sommes pourtant entrés en guerre pour eux.

Discours de Jean MONIN pour la cérémonie de remise de la cravate de Commandeur de la Légion d’Honneur le 23 Novembre 2013

Je vais essayer d’être bref dans mes propos, ils seront imprégnés d’amitié et de
gratitude envers vous tous qui participaient à cette cérémonie ainsi qu’à ceux qui
n’ont pu se joindre à nous pour des raisons personnelles.
Je salue toutes les personnalités civiles et militaires qui me font l’honneur d’être
présents à cette cérémonie. Je remercie de leur présence M. Henri Chaumontet
maire de Groisy, M. Christian Anselme, maire de Thorens Glières ainsi que mes
amis hauts-savoyards dont Georges Garcia, fils d’un républicain espagnol qui a
participé au combat des Glières.
C’est une grande joie pour notre famille d’avoir à nos côtés Marie Robbles, figure
des pionniers du Vercors et centenaire depuis le mois d’avril.
Cher Jean-René, ses paroles élogieuses sur mon parcours me replongent dans une
époque où des hommes, à l’appel du Général de Gaulle, ont choisi de vivre libre
ou mourir pour la liberté. Ces paroles, pour toi Jean-René ont une valeur de
symbole, je les reçois avec fierté. C’est un grand honneur d’être décoré par un
descendant d’une famille de résistants : ton père est mort en juin 1944 tué dans
une embuscade tendue par les allemands, un oncle, frère de ta maman, déporté à
Neuengamme dans des conditions inhumaines est mort en mai 1945 avec 7000
autres déportés entreposés dans les cales des bateaux coulés dans le port de
Lübeck. Pupille de la nation, tu effectueras une brillante carrière militaire. Tu la
termineras comme Général d’Armée et Inspecteur des Armées. Depuis ta retraite
avec ton dynamisme sans relâche, tu travailles en Haute Savoie au Devoir de
Mémoire et tu es notre Président de l’Association des Glières.
Je te redis mon affection et mon affectueuse amitié.
Dans ma vie professionnelle et associative, j’ai rencontré des hommes et des
femmes de grande valeur humaine, de toutes conditions sociales. Ils m’ont
conforté dans mes convictions. Notre solidarité nous a permis de construire un
important Travail de Mémoire. Le Devoir de Mémoire se situe au-delà de toute
idéologie. Il fallait l’appui d’hommes et de femmes qui partageaient les mêmes
convictions. Je citerai notre Sénateur Didier Guillaume que j’ai rencontré bien avant son accession aux responsabilités départementales et nationales. Il est
toujours le même homme plein d’humanité, généreux et surtout équitable et plein
de bon sens dans ses décisions. Il est l’artisan de ma promotion au grade de
commandeur. Merci Didier avec mon affectueuse amitié.
Nathalie Nieson notre député maire de Bourg de Péage, est à l’écoute des
préoccupations des anciens combattants. A son initiative a été réalisée au
monument des Pionniers du Vercors une fresque qui relate les événements de
1940 à la Libération en 1945.
Elle nous a accompagnés avec des conseillers municipaux, Jean-Félix Pupel,
Christian Rolland lors de nos voyages à Mauthausen avec des collégiens.
Merci Nathalie, affectueuses amitiés.
Je n’oublie pas la municipalité de Romans pour son engagement à nos côtés. Elle
participe au financement des voyages sur les lieux de mémoire. Henri Bertholet,
Gérard Chaumontet, Jean-Paul Cayreyre, Michel Delhomme et d’autres nous ont
accompagné lors nos voyages en Autriche. Egalement le Conseil Général de la
Drôme qui nous soutient lors de nos actions et s’implique à travers des personnes
comme Pierre-Jean Veyret, Hervé Rasclard et tant d’autres. N’oublions pas aussi
l’Office National des Anciens Combattants avec Jean-Yves Wiss qui nous soutient
et nous accompagne sur les lieux de mémoire ainsi que toutes les associations
d’anciens combattants dont le colonel René Moreau Président du Comité
d’Entente. A tous mes remerciements et mon amitié.
C’est un honneur d’être entouré de mes amis de la Légion d’Honneur au nombre
desquels se trouve le Général Denis Serpollet Président de Comité Départemental,
je serai digne de porter cette cravate et vous remercie de votre implication au
Devoir de Mémoire lors de la journée des Sentiers de la Mémoire.
Grâce au dévouement de notre Présidente Monique Bourbonneux, de nos
bénévoles, Dany, Henri, Arlette, Marcel, Michel, Pierre, Jean-Yves et bien d’autres
adhérents de l’AFMD, en dehors des voyages avec des collégiens, nous organisons
depuis 8 ans, un voyage annuel avec des adultes au Camp de Mauthausen.
Ces adultes deviennent des passeurs de mémoire pour leurs petits-enfants.
Henri Germain a participé à 18 voyages depuis 2001.

Dans l’assemblée, je vois un couple qui est très cher à mon cœur, Gaston et
Maryse Maulin. Ils sont un exemple de solidarité et de générosité envers les
handicapés de la région de la Tour du Pin, ils sont très près d’eux, à leur écoute.
La Fédération des FFI avec mes amis le Président André Petit, Jean Bouyon, Daniel
Cuoq et ses autres adhérents s’implique à nos côtés et participe aux Sentiers de la
Mémoire avec l’appui d’historiens, tels Jean Sauvageon, Robert Serre, Alain
Coustaury ainsi que de nombreuses communes dont Montélimar et ses environs.
Je remercie les maires, les professeurs des écoles, la commune de Livron qui nous
fournit le matériel logistique, merci au maire M. Jarjat ainsi qu’à M. Courbière.
Je remercie le colonel Hébert, commandant du Groupement de Gendarmerie de la
Drôme qui met à notre disposition des motards pour la bonne circulation de la
quinzaine de cars transportant les élèves.
Le Travail de Mémoire c’est bien mais il faut avec nous des passeurs de Mémoire.
C’est alors qu’interviennent les professeurs, chefs d’établissement, professeurs
des écoles, les services de l’Académie ainsi que l’Office des Anciens Combattants
pour mettre en place le Concours de la Résistance et de la Déportation.
C’est grâce à tous ces bénévoles que nous progressons dans nos actions, je leur dis
toute ma reconnaissance. En retour ces adolescents me donnent par leur respect
et leur gentillesse un grand réconfort. Certains sont présents parmi nous, je leur
redis toute mon affection.
Merci à Christelle, Bruno, Lionel, Danielle, Valérie, Christophe, Gérard, Véronique,
Marie-Paule et tant d’autres, la liste est longue, je n’ai pas cité tous les noms mais
je ne vous ai pas oubliés.
Je remercie la FNACA de Bourg de Péage qui a assuré la logistique de cette
cérémonie pour son dévouement et son implication sans défaut à nos côtés.
Merci à toi Henri Germain pour ton amitié, ta fidélité et ton soutien indéfectible
ainsi qu’à ta compagne Arlette.
Merci à tous les porte-drapeaux et aux musiciens.
J’ai une pensée pour mes amis hauts-savoyards qui n’ont pas pu venir, à Georges
Séguy, mon frère de souffrances, mes camarades déportés et d’autres amis qui ne peuvent plus se déplacer. Une pensée pour mes amis disparus, mes camarades du
Corps Franc Simon, mes camarades déportés et résistants, FFI, Pionniers du
Vercors, pour Gérard Gaud, mon guide et confident, Charles André Lahmery, le
Capitaine Bozambo, Willy Chave, Maurice Brunet, René Ladet, Robert Michelon,
Pierre Jauze, André Brunet, Henri Hardy. La liste est longue, ils nous ont quittés
depuis quelque temps déjà mais je ne les oublie pas. Je salue leurs familles qui
sont présentes. J’ai une pensée d’amour pour mes parents qui m’ont inculqué les
valeurs qui m’ont guidé toute ma vie.
A ma famille, mes enfants, mes petits enfants, arrières petits-enfants, mes sœurs,
beaux-frères qui m’entourent, à mon épouse, mon grand bonheur est qu’elle soit
encore avec moi, je vous dis, je vous aime.

"dire Adieu à Jean Monin" discour du Général d’armée Jean-René Bachelet

Dire adieu à Jean Monin, pour ses compatriotes de Haute-Savoie et tout
particulièrement ceux de Groisy et de Thorens au pied du plateau des Glières,
plus encore pour ceux qui portent l’héritage de la Résistance en ces lieux
inspirés, c’est adresser un ultime salut à un être de lumière.
A l’un de ceux qui, dans la nuit de l’Occupation, voici trois quarts de siècle, ont
allumé et entretenu la flamme de la Résistance, alors même, quant à lui, qu’il
n’était qu’un garçon de 16 ans.
Lui, le benjamin du Corps Franc Simon, cette phalange de légende de l’Armée
Secrète, qui, des mois durant, jusqu’à son anéantissement le 24 janvier 1944,
avait défié les armes à la main, un occupant barbare et ses séides de la
collaboration.
Lui, le fils du commandant de brigade de gendarmerie de Groisy, qui avait
appris de son père un amour fervent de la France et de sa liberté à reconquérir.
Lui qui, des geôles de Monluc à Lyon jusqu’au camp de la mort de Mauthausen,
n’allait avoir de cesse de vivre, de survivre dans les conditions les plus
ignominieuses, car vivre c’était vaincre.
Lui qui allait faire de cette vie reconquise une belle vie jusqu’au soir de celle-ci
où il aura été un témoin essentiel, transmettant aux générations nouvelles
subjuguées son amour de la vie, sa haute idée de l’homme et sa foi intacte dans
le destin de la France.
Oui, Jean, Jeannot, comme tu aimais que l’on t’appelle à l’imitation de ton père
tant aimé et des compagnons de ta prime jeunesse héroïque, Jeannot, nous
sommes là pour te dire notre affection, notre admiration, notre reconnaissance, à
jamais.
Nous avons reçu de toi une formidable leçon de vie.
Car enfin, l’homme toujours souriant que tu étais, l’homme à la générosité
inépuisable que tu offrais spontanément, l’homme dont le dynamisme et
l’optimisme balayaient la morosité et le scepticisme, c’était bien ce garçon de 16
ans dos au mur face à une mitrailleuse prête à cracher la mort près de la
boulangerie de Mercier en flammes.
C’était le même qui allait vivre l’antichambre de l’enfer dans le sinistre train le
conduisant de Compiègne à Mauthausen, à plus de 100 entassés tout nus, sans
eau ni alimentation dans un wagon à bestiaux trois jours durant.
C’était le même qui allait vivre l’enfer lui-même à Mauthausen, le camp des
Espagnols, sur la place d’appel, dans ton baraquement avec vue sur le
crématoire, dans la descente et la montée des marches interminables de la
sinistre carrière et son mur des « parachutés ».
Le même qui allait y connaître ses 17 puis 18 ans. Le même qui, à la faveur de quelques moments de répit le dimanche, évoquait
avec son ami Georges Séguy, le futur patron de la CGT, le jour de la victoire et
de la liberté.
Et ce jour était venu, et ce que tu en avais retenu, au-delà de ce que l’homme
pouvait recéler de cruauté et de barbarie potentielle, c’était une foi inextinguible
dans cet homme même, une volonté inflexible d’en porter témoignage et une
ardeur constante à œuvrer pour un monde meilleur, dans la fraternité.
Tous ceux, si nombreux, notamment les jeunes, qui t’ont accompagné dans ton
voyage annuel à Mauthausen au long des années passées, en resteront marqués à
jamais.
Oui, Jeannot, tu nous as donné une formidable leçon de vie. Nous t’en sommes à
jamais reconnaissants.
L’heure est venue de te dire adieu.
Serait-ce que la mort a gagné à l’issue de ton combat acharné contre la
souffrance et la maladie ?
Non, c’est toi qui a gagné, Jeannot, car tu restes vivant dans nos cœurs à jamais.
Ta trace est là, profonde, à Groisy, à Thorens, à la faveur des réalisations
mémorielles qui rappellent ton nom.
Plus encore peut-être dans l’esprit et le cœur de tous ces jeunes qui, grâce à toi,
auront reçu une exceptionnelle leçon d’humanité et de vie.
Adieu Jeannot, nous t’aimons, à jamais.
Vous, madame, l’amour de sa vie, avec qui Jeannot a fondé votre belle famille et
construit, comme il le disait souvent, son exceptionnelle réussite professionnelle,
puissiez-vous trouver quelque réconfort dans ces mots qui sont le cri du cœur.
Nous vous embrassons, affectueusement.
Général d’armée Jean-René Bachelet Ancien président de
l’Association des Glières

Valentin Dorme "Merci, Jean"

Jean, merci !
Le mardi 2 juillet, Jean Monin, alors âgé de 92 ans nous a quittés. Jean était un ancien
résistant, déporté au camp de Mauthausen alors qu’il n’avait que 16 ans. Il passa d’ailleurs ses 17
et 18 ans à l’intérieur du camp, sous le joug, la férocité des kapos et des nazis. À son retour en
France, Jean monta sa propre entreprise d’import-export et lors d’un voyage commémoratif avec
ses petits-enfants en 1995, il décida de témoigner après qu’une de ses petites-filles lui ait dit qu’il
fallait qu’il raconte ce qu’il avait vécu auprès des jeunes. C’est d’ailleurs lors de sa venue dans mon
ancien collège de Romans-sur-Isère, le collège Claude Debussy, que j’ai moi-même, Valentin Dorne,
pu faire la rencontre de Jean. Par la suite, j’ai participé au Concours National de la Résistance et de
la Déportation en 2015 où je me suis vu remettre le premier prix départemental. Une très grande
amitié et complicité s’est nouée avec Jean. Il a toujours été présent et nous partagions de très bons
et très forts moments. À la rentrée de septembre 2019, je vais commencer mon métier, être
professeur d’histoire-géographie. J’aurais tellement aimé que Jean soit présent pour pouvoir fêter
cette bonne nouvelle, lui qui voulait tant me voir réussir et enseigner. Cette victoire, je lui la dois
en partie aussi, du fait de son soutien.
Par ailleurs, j’ai adoré pouvoir l’accompagner lors des différentes cérémonies, témoigner
avec lui auprès de la jeunesse. Être avec les jeunes était pour lui essentiel et c’est ce qui lui donnait
la force de le faire. Lors de ces échanges, il leur transmettait sa générosité, sa bienveillance, son
amour et sa bonté. Jean avait créé l’AFMD (Amis de la Fondation pour la Mémoire de la
Déportation) dont il était le président d’honneur. Grâce à cette association, les sentiers de la
mémoire ont vu le jour à Mirmande (Drôme) où chaque dernier mardi du mois de juin, entre 700
et 800 élèves des classes de CM1 et CM2 des alentours se rendaient de stands en stands pour
mieux comprendre ce qu’était la résistance, la déportation et à la fin, privilège suprême, ils
pouvaient rencontrer Jean, échanger avec lui et ce pour son plus grand bonheur. Nous ne nous
lassions jamais de l’entendre parler, raconter ce qui lui était arrivé. Grâce à des personnes comme
Jean, la mémoire a pu se transmettre et surtout doit continuer. Désormais, c’est à nous de la faire
vivre, de continuer ce devoir de mémoire. Chaque année était aussi organisé un voyage au camp
de concentration de Mauthausen où tout un chacun pouvait découvrir l’horreur de ces camps et
grâce à la présence de Jean Monin, on comprenait mieux la vie, le quotidien dans le camp. Malgré
son parcours, il est resté humble et ses principales valeurs étaient la tolérance, l’amour, la
fraternité et la liberté. Certes, Jean et moi-même avions 70 ans d’écart, mais nous nous entendions
comme deux frères, je le considérais comme mon pépé. Jean va énormément me manquer, mais
aussi à chaque personne qui l’a rencontré car il marquait par son passage. Nous ne le remercierons
jamais assez pour ce qu’il nous a apporté. Jean, du fond du coeur, MERCI.
Valentin DORNE

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