Nous avons eu la tristesse d’apprendre le décès dimanche 10 octobre 2019, d’Émile Hérisson, à l’âge de 96 ans, Résistant dans l'Oise dès le 11 novembre 1940, à l’âge de 17 ans.
Jeune ouvrier tourneur, Émile Hérisson, né le 25 juin 1923 à Compiègne (Oise), dépose le 11 Novembre 1940 une gerbe de fleurs sur le monument aux morts de la commune de La Croix Saint Ouen où il réside. C’est son premier acte de Résistance dans le pays occupé par les allemands. Émile ne se considère pas comme un héros : « J’ai agi avec l’inconscience de la jeunesse, sans mesurer les risques ». Réfractaire au STO (Service du Travail Obligatoire), il entre dans la clandestinité et s’engage dans le Front National de lutte pour l’indépendance de la France. Pour Émile : « On ne va pas à la Résistance, c’est elle qui vient à vous ». Muni de faux papiers, il est agent de liaison, transporte des tracts et des tickets d’alimentation, aussi des armes. Il échappe à plusieurs reprises à l’arrestation. En 1943, il est membre des FFI (Forces Françaises de l’Intérieur), menant plusieurs opérations de sabotage contre l’occupant. Pour ses actions Émile Hérisson est titulaire de la Carte de Combattant Volontaire de la Résistance.
Après la libération, il consacre sa vie à son épouse Guillemette, à ses enfants, à ses activités professionnelles d’ouvrier, à ses activités syndicales au sein du CE de Renault Billancourt et à ses activités politiques. Quand il prend sa retraite, il devient trésorier de l’ANACR Oise, témoigne auprès de la Jeunesse des valeurs et combats de la Résistance et il est actif dans l’Amicale des Vétérans du PCF.
A partir de 1955, il travaille à l’usine Renault-Billancourt où il reste jusqu’à sa retraite, exerçant d’importantes responsabilités au secrétariat du Comité d’Entreprise, en y développant notamment des activités sociales en direction des enfants et des jeunes grâce à l’influence forte de la CGT (qu’il avait rejoint sous l’occupation et dont il restait adhérent comme retraité). Il adhère en 1957 au Parti communiste et siège très vite et jusqu’à sa retraite au Comité de la très grosse section d’entreprise du PCF de cette forteresse ouvrière. A sa retraite, il s’installe à La Croix Saint-Ouen, dans le Compiégnois où il a vécu son enfance et où son père a été élu maire communiste à la Libération. Il prend aussi rapidement des responsabilités départementales au PCF Oise dont il devient le trésorier fédéral de 1985 à 1990. Plus tard, il est élu Président de l’Amicale des Vétérans du PCF, animant de multiples initiatives de débats et un important travail d’archivage, très soucieux de la transmission de la mémoire et de l’histoire.
A partir de 1983, il est l’un des principaux animateurs de l'ANACR (Association des Anciens Combattants de la Résistance) en remplissant jusque récemment ses responsabilités au sein du Bureau Départemental de l’Oise, dont il est le trésorier durant de nombreuses années. Avec un souci méticuleux dans les études sur l'histoire de la Résistance locale, il s’implique dans un long travail de recensement de tous les résistants tués, fusillés, déportés, et des initiatives menées pour honorer la mémoire des Résistant(e)s oublié(e)s. Continuant inlassablement de témoigner auprès du public scolaire des valeurs et combats de la Résistance, Émile Hérisson est un militant dynamique de la mémoire résistante, très soucieux de la promotion du CNRD auprès de la jeunesse. Il réalise là aussi un important travail d’archivage, toujours soucieux de la transmission de la mémoire et de l’histoire. Il participe à la recherche et à la rédaction d’un ouvrage collectif publié en 2002 : « Ils ont fait le sacrifice de leur vie … Le prix de la liberté dans l’Oise, 1940-1945 ». Il supervise la réalisation d’une trentaine de publication relatant des parcours individuels et/ou collectifs dans le département.
De nombreux hommages lui ont été rendus ce vendredi 11 octobre 2019 au crématorium de Saint-Sauveur (Oise), et son inhumation a eu lieu au cimetière de La Croix Saint-Ouen (Oise). Nous conservons de lui le souvenir d’un homme aux convictions fortes, intègre et rigoureux, profondément humain, d’un militant fidèle dans toutes ses activités à ses idéaux de jeunesse, en particulier dans la mise en application du programme du CNR, jusqu’à son dernier souffle et qui resta très engagé jusqu’à ces derniers mois où la maladie l’avait affaibli.
A son épouse Guillemette, à ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, nous adressons toute notre amitié et notre sympathie dans ce moment douloureux.
Jean-François Monnet
AFMD 60