PALMARÈS DU CONCOURS DE LA MEILLEURE PHOTOGRAPHIE D’UN LIEU DE MÉMOIRE 2023-2024
1er prix : Gabriel PIERRE Lycée Alain Fournier, 18000 Bourges
«Vivant par la Mémoire»
Maison d’Izieu (Ain), mémorial des enfants d’Izieu
Cette photographie est un photomontage mélangeant deux clichés :
le premier
pris par mes soins le 1° Juin 2023 à la fontaine de la Maison d'Izieu,
et le second
pris à l'été 1943 nommé « Fête à la fontaine ».
Cette photo a pu être réalisée grâce à un voyage organisé par le CNRD, proposé à certains participants du concours. Lorsque l'on vient à la maison d'Izieu, on ne ressent pas cette ambiance pesante que l'on peut ressentir dans un autre mémorial. C'est un lieu de paix,entouré de montagnes, forêts, petites maisonnettes, avec le passage du Rhône en contrebas dans la vallée.
C'est un lieu marquant par sa beauté et son histoire. Lorsque l'on entre dans la maison, on peut ressentir cette joie que les enfants dégageaient, que ce soit par les lettres à leurs parents, leurs dessins, ou encore par leurs visages souriants sur les photographies. La paix et la joie sont les maîtres mots de cette maison, l'innocence des enfants devait faire oublier la guerre.
En visitant le musée, un grand exemplaire de la Fête à la fontaine était présenté ; aspiré par le sourire de ces enfants, ainsi que par leur joie de vivre, je me suis rendu à la fin de la visite sur l'emplacement où a été prise la photographie.
L'arbre sur la photo n'y était plus,
les enfants non plus,
des pavillons avaient été ajoutés,
mais on ressentait toujours une abondance de vie dans l'air.
J'ai donc dégainé mon appareil, ai essayé de me placer le plus que possible dans la
même position que lors de la prise de vue originale, puis j'ai capturé l'instant.
Les enfants ne sont peut être plus vivants par le corps, mais ils le resteront à jamais par la mémoire.
2eme PRIX : Vivien VARGA Collègue Louis Pasteur, 93250 Villemomble
Le 17 avril dernier, lors d’un voyage pédagogique dans le cadre du CNRD, j’ai visité le camp de concentration du Natzweiler-Struthof. C’était le matin et le camp était complètement pris dans un brouillard très épais. L’atmosphère, silencieuse et glaciale, était terrible. Nous avons passé la porte du camp et nous avons découvert cette potence enlacée dans ce brouillard pénétrant les corps et les âmes, surplombant le camp que nous ne pouvions voir dans le brouillard ; sinistre instrument de terreur des nazis. Cette potence m’a figée dans l’horreur. J’ai choisi cette photographie qui fixe la terreur des nazis.
Au sommet de cette montagne
Disparaissant dans le brouillard
Un camp maudit
Qui a abrité l’enfer des déportés.
Sur cette potence, ils étaient exécutés
La vie de tous ces coeurs meurtris
Condamnés par les nazis à mourir
Ils sont montés sur la tête haute
A ce poteau une corde pendue
En un instant abattus
Leur corps décharné suspendu sans vie
A cause de cette idéologie
Qui a enlevé tant de vie
Transmettre l’histoire et la mémoire
Tel est notre devoir
L’enfer des déportés
Doit être raconté
Pour perpétuer la mémoire
De ceux qui ont sacrifié leur vie
3eme PRIX : Aymerick GUITTARD Classe d'enseignement général, CEF Brignoles
Les dormeurs de Vins
C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux romarins des haillons
D'argent, où le soleil, de la colline fière,
Luit ; c'est un val baigné de rayons.
Une grande stèle moussue
Nous rappelle, sous le ciel bleu,
Qu'il n'y a pas si longtemps, sous la nue,
Des hommes étaient courageux.
Les pieds dans les rocailles, ils sont morts.
Insouciants comme des enfants, ils font un somme.
Nature, berce-les chaudement : ils ont froid !
Les coups n'ont pas fait douter leur courage
Ils dorment dans la grotte les mains enlacées,
Tranquilles, vous êtes leur héritage
Le 6 juin 1944 a lieu le débarquement de Normandie. A Brignoles, on attend celui de Provence. La Section Atterrissage et Parachutage (SAP) a balisé le terrain Vermicel dans les bois de Vins sur Caramy où sont largués des containers d’armes cachés dans la grotte de Savoye. Le 8 juin, la B.B.C. diffuse le message « Goûtons si le vin est bon », le débarquement est imminent. Les armes sont distribuées aux résistants vinsois. Fausse alerte ! Les armes sont remises à la hâte dans la grotte puis déplacées vers les mines de bauxite de Cabasse. Le 27 juillet, les Allemands arrêtent Jean Mozzone, ses deux fils Eugène et Louis et Théodore Linari. Interrogés et torturés, ils sont conduits à la grotte de Vins. Refusant toujours d'indiquer où ont été transportées les armes, ils sont fusillés sur place le 29 juillet 1944. Louis Mozzone avait 22 ans, il était à peine plus âgé que moi et ce qu’il écrit juste avant sa mort m’a beaucoup ému.
''Je ne suis pas bandit, ni voleur, moins encore;
C'est pour mon idéal que je me sacrifie.
Je veux savoir mourir, mourir comme mes frères,
Qui déjà de leur sang avant moi ont payé."
Cette photo exprime le caractère secret de la Résistance. J’ai choisi en travaillant la profondeur de champ et en accentuant légèrement le contraste de faire surgir au coeur de la nature sauvage et belle, le souvenir lumineux et tragique du sacrifice de ces quatre hommes.
MENTION : Jeanne RAUBER FUHRMANN Collège Louis Pasteur, 93250 Villemomble
Cette année j’ai eu la chance de participer dans mon collège à un projet autour du Concours national de la Résistance et de la Déportation.
Le 25 mai 2023 j’ai pu visiter la gare de déportation de Bobigny. J’ai choisi cette photographie car ce lieu d’histoire et de mémoire qui n’est pas encore inauguré officiellement est peu connu. Cette gare, remplaçant celle du Bourget, devient de l’été 1943 à l’été 1944, le lieu de déportation des Juifs détenus au camp de Drancy que j’avais visité en décembre 2022. En un an près de 22 500 hommes, femmes et enfants de tous âges y sont embarqués dans des convois qui les mènent vers Auschwitz-Birkenau.
Surtout, j’ai voulu rendre hommage à Ginette Kolinka, que j’ai eu la chance de rencontrer dans mon collège le 17 mai 2023, quelques jours avant cette visite et qui a conclu son entretien en faisant de nous des passeurs de mémoire. Cette stèle commémore le convoi 71 dans lequel elle a été déportée à 19 ans, et dans lequel on trouvait aussi la majorité des
enfants de la colonie d’Izieu ou Simone Veil. Des jeunes, des adolescents qui auraient dû aller à l’école, et qui avaient toute la vie devant eux.
"Je veux vous parler de lui.
Je veux vous parler de celui qui a volé leur vie,
De celui qui a emporté leurs enfants sans dire un mot,
De celui qui a détruit leurs rêves en un clin d’oeil,
De celui qui a brisé des familles rien que par son nom,
De celui qui a fait le trajet jusqu’à Pitchipoï en gardant le silence,
De celui qui les a déposés en Enfer,
De celui qui a causé leur mort en repartant comme si de rien n’était,
De celui qui renferme des pleurs d’enfants et des cris de désespoir,
De celui qui charriait la mort,
Oui je veux vous parler de lui.
Le convoi 71."